Près d'un Français sur deux est confronté à des troubles auditifs liés à l'exposition au bruit. En tête de liste : les jeunes (60 % des 18-24 ans), qui, de ce fait, sont plus en proie aux acouphènes (53 % contre 44 % de la population générale), notamment en raison d'une écoute de musique trop forte dans des concerts, des boîtes de nuit ou tout simplement dans des écouteurs. A l'occasion de la 22e Semaine du son de l'Unesco, du 20 janvier au 2 février 2025, l'association éponyme publie une étude « préoccupante », réalisée par OpinionWay.
Le bruit, une source majeure de stress
Au-delà des effets sur l'audition, les nuisances sonores représentent une source majeure de stress pour près des trois quarts des Français. Les discussions téléphoniques des autres, dans l'espace public ou dans les transports en commun, sont celles qui les irritent le plus. Viennent ensuite les sons émis par les deux-roues, nettement devant les bruits de chantier, les musiques et sons émis par les téléphones ou autres appareils dans l'espace public. En outre, 17 % des sondés rapportent avoir eu une altercation directe avec des voisins en 2024, à cause du bruit.
L'impact sur la santé mentale et les performances cognitives
« Ce stress, qui peut affecter à la fois la santé mentale et la qualité de vie, constitue un enjeu de santé publique encore largement sous-estimé. Des études ont démontré le lien entre le bruit (notamment des trafics aérien, routier et ferroviaire) et l'augmentation de la consommation de médicaments pour traiter l'anxiété et la dépression », alerte l'association La semaine du son. Mais ce n'est pas tout... Le bruit a également un « impact significatif sur les performances cognitives des enfants, entraînant des difficultés d'apprentissage et une baisse de leur capacité d'attention », ajoute-t-elle.
A partir de 105 décibels, danger immédiat !
Le sondage pointe, enfin, une « méconnaissance préoccupante » des seuils sonores dangereux. Seuls 43 % des Français estiment correctement les niveaux de décibels acceptables pour préserver leur audition, constate l'association, soulignant la « nécessité urgente d'éduquer sur les risques liés au bruit ». En cas d'exposition chronique à un bruit situé entre 85 et 105 dB(A) (rue à fort trafic, aboiement, tondeuse à gazon, klaxon, marteau-piqueur à 2 mètres), une personne s'expose à des risques de pertes auditives à moyen/long terme. « A partir de 105 dB(A) (discothèque, circuit de Formule 1, décollage d'un avion à 100 mètres...) , les risques sont immédiats : acouphènes, surdité », alerte Bruitparif, centre d'évaluation technique de l'environnement sonore en Île-de-France. Il s'agit d'une moyenne, la durée d'exposition et la sensibilité individuelle sont évidemment à prendre en compte.
Un « décibélateur » bientôt dans nos villes ?
Le « décibélateur » permettra-t-il de changer la donne ? Cet outil, conçu par Preventec à l'initiative de la Semaine du son, a pour objectif de familiariser le grand public avec la notion de décibel. « Alors que chacun perçoit naturellement les degrés Celsius pour le chaud et le froid, le décibel reste abstrait, souvent associé uniquement à des seuils de gêne sonore », constate l'association. Objectif ? Rendre cette unité « tangible et compréhensible », afin d'aider chacun à évaluer les niveaux sonores auxquels il est exposé au quotidien et de sensibiliser à l'importance de protéger son audition. Le projet prévoit l'installation du « décibélateur » sous forme « d'enseignes ou de drapeaux », dans les boutiques d'audioprothésistes et les mairies et autres lieux publics.
Prévention et éducation : à quand une priorité nationale ?
En attendant, Christian Hugonnet, président fondateur de la Semaine du son de l'UNESCO, appelle à une prise de conscience collective : « Cette édition insistera sur la dérive qui tend à asphyxier notre système auditif, soumis à des niveaux forts, constants et dépourvus de micro-silences ». « Aujourd'hui, une personne sur 4 est en situation de malentendance, incapable de percevoir des niveaux faibles. Les chiffres montrent que nous sommes tous concernés, et pourtant, peu d'efforts sont faits pour protéger nos oreilles, déplore-t-il. La prévention et l'éducation doivent devenir une priorité nationale. »
Des conférences partout en France
Pour obtenir plus d'informations sur la santé auditive, rendez-vous le 22 janvier 2025, à 19 heures, au siège de l'Unesco (Salle 4) (7 place Fontenoy, Paris 7). Des dizaines de conférences seront organisées partout en France et en ligne à l'occasion de cette semaine qui mérite d'ouvrir grand les écoutilles (programme complet de la Semaine du son).
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