Nelly, aveugle et dialysée, cloîtrée chez elle depuis 5 ans, une étudiante en BTS incapable de se rendre au lycée, un jeune homme obligé de passer la nuit dans sa voiture… La faute à qui ? Panne d'ascenseur. Pas une semaine sans que ce type de situations, affectant des personnes en situation de handicap, n'émaille l'actu ! La dernière en date concerne Sylvain Malard, 31 ans, handicapé moteur, gardien de l'équipe de France de foot fauteuil. Depuis début janvier, cet habitant d'Auch dit vivre « un enfer » et a donc alerté la presse faute de solution proposée par son bailleur social, en attente de pièce de rechange. « Au début, on s'est mis à quatre pour le descendre dans les escaliers. Mais le fauteuil électrique pèse 150 kilos ! Ce n'est plus possible, Sylvain se sent totalement démuni. », explique une amie dans les colonnes de France 3. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, a elle-même jugé cette affaire largement médiatisée « inacceptable ».
100 millions de trajets par jour
Avec 100 millions de trajets par jour, l'ascenseur est le premier moyen de transport en France. Et, lorsqu'il déraille, des vies s'en trouvent parfois chamboulées : isolement, incapacité à se soigner, perte d'emploi… Pour éviter la panne sèche, certains s'organisent, à l'instar de trois bailleurs franciliens (Paris Habitat, RIVP et Elogie-Siemp) qui annoncent un nouveau service d'accompagnement des résidents en situation de fragilité. Depuis le 27 janvier 2020, toutes les personnes en situation de handicap ou qui rencontrent des difficultés à se déplacer (seniors, femmes enceintes…) peuvent faire appel à un service de portage assuré par la Protection civile. Plus de 1 300 bénévoles répartis au sein de 34 antennes en Ile-de-France s'engagent ainsi à intervenir dans les 2 heures, entre 17h et 23h, 7 jours sur 7, jours fériés compris. Ils ont pour mission de remonter la personne en difficulté dans son appartement en ayant recours aux techniques de portage en vigueur au sein des référentiels des Premiers secours en équipe. A cet effet, la ville de Paris subventionne l'acquisition d'un véhicule et de matériel. Après 48 heures d'arrêt non programmé, il revient au bailleur de reprendre la prestation de gestion de crise.
Plus sans ascenseur se mobilise
Cette initiative n'est pas unique en son genre. Au Blanc-Mesnil (93), le bailleur Emmaüs habitat s'est, quant à lui, rapproché du collectif « Plus sans ascenseur », basé dans le même département, pour mener une expérience. Il utilise un monte-escalier (marque Axsol), l'appareil s'accrochant au fauteuil, sans que la personne n'ait besoin d'être transférée ; elle est ensuite tirée par l'arrière pour gravir les marches sans difficulté. Au-delà de l'aide technique, ce collectif créé en mars 2019 intervient pour « faire en sorte que les habitants soient conscients de leurs droits et ne restent pas enfermés chez eux ». Mais, composé exclusivement de bénévoles et victime de son succès, il se dit déjà « dépassé par les demandes et n'est plus en mesure de répondre aux trop nombreux appels aux secours ». En 18 mois, il est intervenu dans plus de 150 immeubles. Cette association qui veut faire reconnaître le droit à la mobilité verticale en 2020 tente d'alerter les députés en réclamant un amendement à la loi mobilité. « Quand il n'y a pas de train, la SNCF met des cars à disposition. Nous partons de ce principe-là », explique Fouad Ben Ahmed, son créateur, sur France Inter. Il a mis une pétition en ligne qui a déjà recueilli 132 000 signatures. Preuve que le sujet est loin d'être anecdotique !
Rappelons que, depuis le 1er octobre 2019, tous les immeubles neufs de plus de 2 étages doivent être équipés d'un ascenseur, contre trois auparavant (article en lien ci-dessous). Un combat de longue haleine des associations de personnes handicapées. Encore faut-il qu'ils restent en service !