Il se présente sous la forme d'un stent, sorte de minuscule ressort. Injecté dans une veine située dans le cortex moteur, le centre de contrôle du cerveau, cet implant de la taille d'une allumette transmet l'activité cérébrale avec l'objectif de commander les mouvements par la pensée. En captant les signaux du cerveau, il permet, par exemple, à un patient de se déplacer via un exosquelette robotisé fixé sur ses membres. En d'autres termes, ses pensées sont capturées, décodées et transmises sans fil à travers la peau pour délivrer la commande. Une révolution ! Cette information a été révélée par la revue scientifique britannique Nature Biotechnology le 8 février 2016. Strendode, c'est le nom de ce dispositif médical, a été conçu par une équipe de chercheurs en neurosciences de l'université de Melbourne (Australie).
Commander un ordinateur, des prothèses…
Une nouvelle étape pour restaurer l'autonomie de personnes paraplégiques ou atteintes de troubles neurologiques ? Le Strendode peut venir en complément des exosquelettes mais pas seulement. « En enregistrant les signaux neurologiques, nous pourrons les utiliser pour commander des fauteuils roulants, des prothèses ou encore des ordinateurs », explique le Dr Nicholas Opie, ingénieur biomédical et coauteur de cette recherche. En septembre 2015, déjà, deux personnes paralysées équipées d'électrodes insérées dans le cerveau étaient parvenues à contrôler par la pensée le curseur d'un ordinateur tandis qu'au même moment, une interface cerveau-ordinateur fonctionnant avec un système de stimulation électrique permettait à un Américain paraplégique depuis 5 ans de remarcher sur quelques mètres (2 articles en lien ci-dessous).
Eviter des opérations à haut risque
Mais le Strendode franchit une marche supplémentaire puisque ce « plus petit dispositif implantable au monde », selon les chercheurs, permet « d'éviter une intervention chirurgicale à haut risque », et notamment l'ouverture de la boite crânienne. L'opération pour permettre sa pose ne dure en effet qu'une journée ; et il s'avère que ce minuscule implant enregistre aussi bien l'activité cérébrale que les électrodes utilisées plus couramment actuellement. Après plusieurs mois d'essais et des résultats satisfaisants sur l'animal, trois patients paraplégiques australiens se sont portés volontaires. Les tests devraient débuter en 2017. Si l'essai s'avère concluant, cette technologie médicale pourrait être commercialisée d'ici six ans.
© Capture écran site The university of Melbourne