Par Laurie Veyrier
Meneur de l'équipe de France de basket fauteuil qui va tenter de décrocher son billet pour les Jeux de Paris 2024, Christophe Carlier en a fait l'expérience cet été quand, pendant quelques semaines, sa catégorie de handicap -qui en basket va de 1 à 5, le 1 correspondant au handicap le plus fort- a été revue à la hausse... d'un demi-point, de 3 à 3,5. Devenu paraplégique à la suite d'un accident de moto en 2002, Christophe avait toujours joué en catégorie 3 car, explique-t-il, "je suis fracturé au niveau L3, qui a directement une classification 3".
Préserver l'équité en 3 étapes
Mise en place afin de préserver notamment l'équité entre les sportifs -et faire concourir ensemble des athlètes atteints de pathologies similaires ou aux conséquences équivalentes sur leur pratique-, la classification élaborée par le Comité international paralympique se définit en trois étapes. D'abord l'éligibilité -"est-ce que la pathologie est reconnue ou pas dans le champ paralympique ?"-, ensuite la rédaction d'un dossier médical et, enfin, une évaluation menée par des classificateurs de fédérations internationales "en situation de pratique sportive", détaille Pierrick Giraudeau, coordinateur du Bureau de la vie de l'athlète auprès de la Fédération française handisport (FFH).
"Ça change tout au très haut niveau !"
Ainsi, à l'issue des championnats du monde de Dubaï qui se sont tenus en juin 2023, Christophe Carlier a vu son cas évoluer, après décision des classificateurs qui ont observé son parcours. "On pourrait se dire que c'est minime mais à très haut niveau, cela peut tout changer", dit-il. Car, en compétition internationale de basket fauteuil, la somme des chiffres associés à chacun des joueurs d'une équipe ne doit pas dépasser les 14 points. "Ça a été assez catastrophique pour mon club (Le Cannet) et pour l'équipe de France", explique le joueur. "Si je passe à 3,5, il y a des joueurs qui doivent rester sur le banc. Sur l'ardoise de l'entraîneur, toute la stratégie va changer." Et l'effet domino ne s'arrête pas là. Car la catégorie associée à un joueur détermine également la hauteur de l'assise du fauteuil : 63 cm de 1 à 3 points... 58 cm de 3,5 à 5 points.
"Un handicap en plus !"
Ainsi, alors qu'il part disputer les championnats d'Europe à Rotterdam en août, Christophe Carlier doit faire modifier par un soudeur son fauteuil -qui n'est alors "plus éligible". L'assise ainsi modifiée a provoqué "beaucoup de douleurs car la façon d'être assis joue énormément". "J'ai fait une compétition avec un handicap en plus", déplore-t-il. Pourtant, la nature de son handicap ne le classait a priori pas dans la catégorie des para sportifs dont le statut est régulièrement révisé -ce statut sous "review" concerne les athlètes dont la pathologie est évolutive. "Typiquement dans le cas des maladies neuro (comme la sclérose en plaques, ndlr), les sportifs peuvent être dans l'obligation de refaire un check up complet pour attester à la fois de l'évolution sur un plan neuro de leur pathologie, et sur ce qui relève de toutes les faiblesses articulaires", précise Pierrick Giraudeau.
Consolider les classifications
Une évolution, un changement de catégorie, "le sujet de la classification peut être anxiogène", reconnaît-il. Néanmoins, "il n'y a pas de doute sur la catégorie de la très grande majorité des sportifs" et il y a selon lui "de moins en moins de 'review'". Une des tâches de Pierrick Giraudeau et de FFH vise notamment à consolider les classifications de chaque sportif afin de préparer l'échéance 2024 sans mauvaise surprise ou contretemps. Christophe Carlier, qui a fait appel et constitué un nouveau dossier, a pu, lui, retrouver sa catégorie d'origine.
Pour tout savoir sur ce système complexe et déchiffrer chiffres, lettres et exceptions, lire l'article : Jeux paralympiques : comprendre la classification !
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