* Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs
Dans une tribune intitulée « Grand débat ou Grande supercherie ? », publiée sur un réseau social il y a une quinzaine de jours, je faisais valoir que le gouvernement n'écoutait que très rarement les représentants des différentes associations siégeant au Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH)». Dès lors, lorsque le Président de la République s'adresse aux Français pour connaître leurs doléances tout en indiquant qu'il ne ferait pas marche arrière sur des sujets pourtant très sensibles, il y a peu à attendre de ce Grand débat.
Des revendications majeures
Effectivement, il n'aura fallu que deux semaines au Gouvernement pour répondre en ce sens aux personnes dites handicapées ! Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, était l'invitée de LCI le 8 février 2019. Diverses doléances ont été exprimées par les Gilets jaunes, auprès des municipalités dans le cadre du Grand débat ou encore sur les plates-formes en ligne (articles en lien ci-dessous), plus particulièrement relatives, dans le champ du handicap, à l'allocation adulte handicapé, l'arrêt de la prise en compte des ressources du conjoint, la retraite, la justice fiscale et sociale. Sophie Cluzel leur a donc répondus par écran interposé. Tout d'abord, elle a indiqué que « l'allocation, c'est un minimum social. C'est une ressource pour pallier une limitation d'activité. Ce n'est pas une compensation du handicap. La solidarité nationale complète la solidarité familiale, elle ne doit pas s'y substituer. » A propos de la retraite, elle a ensuite ajouté : « Si les citoyens handicapés veulent être citoyens comme tout le monde, il faut rentrer dans le droit commun. Donc, non, pas d'âge spécifique pour partir en retraite mais un meilleur accompagnement pendant le temps de travail. » Sur le fait que le dédommagement perçu par un aidant familial au titre de la prestation du handicap (PCH) est soumis à l'impôt, elle explique : « Le salaire des aidants familiaux est vraiment indécent. Ce n'est pas tant la question de ne pas le taxer que de le valoriser. Il faut replacer l'aidant familial dans une vraie trajectoire d'accompagnement, de reconnaissance. ».
Riposte !
Ainsi s'achève donc pour les personnes dites handicapées un débat à peine commencé ! En effet, une personne invalide à 80 % percevant à ce titre l'AAH perd en tout ou partie le montant de cette allocation -860 euros à taux plein depuis le 1er novembre 2018- dès lors que, additionnés à ceux de son conjoint, les revenus du couple dépassent le plafond, soit 1 620 euros mensuels ! Côté retraite, un travailleur ayant effectué une activité professionnelle malgré les difficultés inhérentes à son invalidité en termes de fatigabilité et de fragilité qui l'auront conduit à vieillir précocement sera donc traité comme un travailleur valide encore en pleine santé ? Quant au salaire horaire d'un aidant familial, le plus souvent la mère ou l'épouse, il s'élève à 3,87 euros si elle ne travaille pas et 5,81 si elle quitte son emploi pour s'occuper de la personne, pour un montant total forfaitisé dans les deux cas de figure à 997,82 € par mois, qui entre dans le calcul des revenus imposables de la famille ! À juste titre, la secrétaire d'État peut parler d'un « salaire indécent à valoriser plutôt qu'à taxer ». Est-ce à dire que le taux horaire sera porté au niveau du SMIC brut, et donc multiplié environ par trois ? Chiche !