PCH parentalité: les parents handicapés vraiment satisfaits?

La PCH parentalité répond-elle aux besoins des parents handicapés ? Si une écrasante majorité des bénéficiaires s'en disent satisfaits, certains réclament des réponses plus adaptées et davantage d'informations sur les dispositifs à la parentalité.

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Une mère tient sa fille dans les bras et fouille dans son portefeuille

91 % des 5 000 bénéficiaires de la Prestation de compensation (PCH) parentalité se disent satisfaits de cette aide « très positive » et « inattendue » mise en place en 2021 (PCH parentalité: 900 € par mois pour s'occuper de son enfant), selon une étude de l'Observatoire de la décentralisation et de l'action sociale (Odas) de juillet 2024, qui a passé cette prestation au crible. 

« Bricoler des solutions »

Ce « forfait parentalité » leur permet principalement de rémunérer l'aide d'une tierce personne ou encore de financer davantage de temps de garde mais aussi de financer des aides plus spécifiques : aides techniques, matériel de puériculture adapté… Un tiers des bénéficiaires l'utilisent également pour avoir recours à des professionnels (auxiliaires de vie, ménage, devoirs...). La répartition entre aide humaine et aide technique est quasi-identique. Cependant, en raison de la difficulté à trouver ces aides adaptées ou d'un coût trop important, de nombreux bénéficiaires disent devoir « bricoler des solutions », précise l'enquête.

Un versement qui favorise l'autonomie

L'aide humaine de la PCH parentalité, dont le montant dépend de la composition du foyer et de l'âge de l'enfant (de 450 à 1 350 euros), est versée tous les mois de la naissance jusqu'au dernier jour de ses 6 ans. L'aide technique, quant à elle, est perçue à sa naissance (1 400 euros), puis à son troisième (1 200 euros) et sixième anniversaire (1 000 euros). Selon le rapport, ces modalités de versement laissent aux bénéficiaires « la faculté d'arbitrer entre le recours à des solutions familiales ou se trouvant dans leur entourage, l'appui d'intervenants professionnels et les adaptations matérielles ». Les personnes interrogées déclarent « apprécier l'autonomie permise », y voyant une « forme d'égalité ». En revanche, l'âge limite de l'enfant pour en bénéficier suscite des interrogations.

Des besoins non compensés

Il y a néanmoins plusieurs bémols. La moitié des répondants considère que leur handicap entraîne des besoins non compensés par la prestation. Près d'un sur trois aurait souhaité bénéficier d'un accompagnement spécifique à la parentalité. Par ailleurs, les montants peuvent sembler « insuffisants » (13 % des répondants) lorsque la compensation des handicaps lourds impose le recours à des prestataires. « De surcroît, la situation familiale (monoparentalité) et sociale (précarité) peuvent constituer des difficultés qui se cumulent aux empêchements liés au handicap », ajoute l'Odas.

Remise en cause du principe du forfait

Autre point d'achoppement : le principe du forfait, qui suscite divers questionnements aussi bien de la part des acteurs associatifs que départementaux. « En effet, la logique de forfait est contraire à celle développée pour le calcul du montant de la PCH qui repose sur une évaluation individuelle et un ajustement aux besoins des personnes concernées », explique l'enquête. De plus, la PCH parentalité ne peut être attribuée que si le bénéficiaire est éligible à la PCH, « ce qui exclut de fait certains parents ayant des besoins spécifiques ».

Exclusion des services ménagers

Par ailleurs, le fait que les besoins en services ménagers soient exclus des critères d'accès à la PCH est particulièrement pointé par les familles. Ainsi, de nombreux acteurs réclament une « évolution de ce forfait », qui reposerait sur l'évaluation des besoins et des propositions concrètes. 

Adapter les réponses selon le handicap

L'élargissement de la PCH depuis le 1er janvier 2023 aux personnes avec un handicap mental, psychique, cognitif ou des troubles du neurodéveloppement entraîne, selon le rapport, « des besoins différents et des réponses d'un autre type. Or l'aide pour répondre à des besoins davantage éducatifs est encore plus difficile à mobiliser ». Pour changer la donne, « le rôle des SAVS (services d'accompagnement à la vie sociale) et SAAP (services d'aide et d'accompagnement à la parentalité), déjà présents, pourrait être étayé, tandis que davantage de liens pourraient être faits avec tous les acteurs de la protection de l'enfance », propose-t-il. « L'information sur l'existence de cette prestation ne semble pas suffisante pour garantir l'accès au droit », insiste le rapport. Tous les détails sur ce « trou dans la raquette » dans un second article : PCH parentalité/handicap : une aide encore trop peu connue!.

Repérer au plus tôt les parents handicapés

Enfin, un repérage précoce des futurs parents en situation de handicap (information des maternités, protection maternelle infantile, centres hospitaliers) permettrait de construire avec eux des réponses adaptées, estime-t-il. « D'autant que les jeunes parents n'ont pas nécessairement une perception des impacts du handicap sur l'exercice de leur future parentalité. »

© Stocklib Iakov Filimonov

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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