Par Selim Saheb Ettaba
En 2023, 24 exécutions y ont eu lieu et un nombre équivalent sont prévues en 2024, tandis que 21 condamnations à mort ont été prononcées, des statistiques comparables à celles des années précédentes. 79 % d'entre elles souffraient au moins de maladie mentale grave, de lésion cérébrale ou de handicap intellectuel et/ou de grave traumatisme pendant leur enfance, "33 % des trois" catégories, selon le rapport annuel publié en décembre 2023 par l'observatoire spécialisé Death penalty information center (DPIC).
Pour cette raison, notamment, l'observatoire voit dans la décrue continue du nombre de condamnations depuis une vingtaine d'années "un indice fort que l'opinion des jurys quant à l'efficacité, à la précision et à la moralité de la peine de mort ont changé".
Inhalation d'azote, une "torture" selon l'ONU
Le rapport observe que, pour la neuvième année consécutive, moins de 30 personnes ont été exécutées et moins de 50 condamnées à mort dans le pays, avec une concentration géographique flagrante. L'ensemble de ces exécutions, toutes par injection létale, se sont tenues dans cinq Etats : trois du Sud -le Texas, la Floride, et l'Alabama- et deux du centre du pays, le Missouri et l'Oklahoma. La première exécution programmée en 2024, celle de Kenneth Eugene Smith en Alabama, le 25 ou 26 janvier, doit en revanche être réalisée par inhalation d'azote, une première mondiale dénoncée par l'ONU qui s'inquiète d'une possible forme de "torture".
Problèmes de santé mentale et handicap intellectuel
Les 21 condamnations à mort prononcées en 2023 se répartissent également entre sept Etats seulement : la Floride, la Californie, le Texas, l'Alabama, l'Arizona, la Caroline du Nord et la Louisiane. Comme les années précédentes, la plupart des prisonniers exécutés en 2023 "ne seraient probablement pas condamnés à mort aujourd'hui", en raison de la prise en compte notamment des problèmes de santé mentale et traumatismes des prévenus ou de changements législatifs pour prononcer la peine capitale, explique le DPIC.
Remise en question de son efficacité et sa moralité
Selon un récent sondage de l'institut Gallup, une majorité d'Américains (50 % contre 47 %) estime que la peine capitale n'est pas équitablement appliquée aux Etats-Unis, une première depuis le lancement de cette enquête en 2000. Une majorité (53 %) reste néanmoins favorable à la peine de mort, selon la même source. La peine capitale a été abolie dans 23 Etats américains, tandis que six autres observent un moratoire sur son application sur décision du gouverneur.