Peine de mort aux USA : le handicap n'épargne pas !

79 % des prisonniers exécutés aux Etats-Unis en 2023 souffraient d'une mentale grave ou d'un handicap. 53 % des Américains restent pourtant favorables à la peine capitale, même si on observe une décrue du nombre de condamnations.

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Un livre portant la mention « Peine capitale » et une seringue de pentobarbital.

Comme les années précédentes, la plupart des prisonniers exécutés aux Etats-Unis en 2023 "ne seraient probablement pas condamnés à mort aujourd'hui", en raison de la prise en compte notamment des affections mentales et traumatismes des prévenus ou de changements législatifs pour une condamnation à la peine capitale, explique l'observatoire spécialisé Death penalty information center (DPIC). Ainsi, 79% des personnes exécutées cette année souffraient au moins de maladie mentale grave, de lésion cérébrale ou de handicap intellectuel et/ou de grave traumatisme pendant leur enfance, "33% des trois" catégories, selon le rapport.

La peine capitale pas équitablement appliquée

Dans son rapport annuel publié le 1er décembre 2023, le DPIC observe que, pour la 9e année consécutive, moins de 30 personnes ont été exécutées et moins de 50 condamnées à mort. L'observatoire voit dans la décrue continue du nombre de condamnations à la peine capitale depuis une vingtaine d'années "un indice fort que l'opinion des jurys quant à l'efficacité, à la précision et à la moralité de la peine de mort ont changé". Selon un récent sondage de l'institut Gallup, une majorité d'Américains (50% contre 47%) estime que la peine capitale n'est pas équitablement appliquée aux Etats-Unis, une première depuis le lancement de cette enquête mensuelle en 2000. Une majorité (53%) y reste néanmoins favorable, selon la même source.

Mis en cage

C'est l'affaire Phillip Hancock, qui relance ce débat, la 24e et dernière exécution prévue aux Etats-Unis en 2023. Exécuté le 30 novembre dans un pénitencier de l'Oklahoma, il a été condamné en 2004 pour le meurtre en avril 2001 de deux membres d'un gang de motards violent. Phillip Hancock assure avoir été attiré dans un piège chez Robert Jett, qui se trouvait sous l'influence de la méthamphétamine et avait tenté avec James Lynch de le forcer à entrer dans une cage où il enfermait ses victimes pour les torturer. Selon son récit, contesté par l'accusation et qui n'a pas convaincu les jurés, il s'est débattu, est parvenu à s'emparer du pistolet de Robert Jett et à abattre ses deux agresseurs avant de s'enfuir.

"J'ai honte qu'on lui ait enlevé la vie en notre nom"

Le comité des grâces de l'Etat d'Oklahoma avait recommandé le 8 novembre que sa peine soit commuée en prison à perpétuité, mais le gouverneur républicain Kevin Stitt ne l'a pas suivi, malgré le soutien de plusieurs élus républicains, comme Kevin McDugle, selon qui "Phillip Hancock ne méritait pas la mort". "J'ai honte qu'on lui ait enlevé la vie en notre nom", a affirmé dans un communiqué ce partisan déclaré de la peine de mort, appelant à un moratoire sur les exécutions en Oklahoma "jusqu'à ce qu'il soit possible de garantir que seules les personnes méritant vraiment la peine capitale soient condamnées à mort".

Une concentration géographique flagrante

L'Oklahoma a repris les exécutions capitales en 2021 après six ans de moratoire en raison d'exécutions ratées en 2014 et 2015. La peine capitale a été abolie dans 23 Etats américains, tandis que six autres observent un moratoire sur son application sur décision du gouverneur. Pour les Etats partisans, la concentration géographique est toujours aussi flagrante. L'ensemble de ces exécutions, toutes par injection létale, se sont tenues dans cinq Etats, trois du Sud, le Texas, la Floride, et l'Alabama, et deux du centre du pays, le Missouri et l'Oklahoma. La prochaine exécution prévue, en janvier 2024 en Alabama, doit être réalisée par inhalation d'azote, une première mondiale. Les 21 condamnations à mort prononcées cette année se répartissent également entre sept Etats seulement : la Floride, la Californie (Ouest), le Texas, l'Alabama, l'Arizona (Sud-Ouest), la Caroline du Nord et la Louisiane (Sud-Est).

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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