88 % des Français de plus de 18 ans possèdent le permis, contre 71 % des majeurs en situation de handicap, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees, 2024). Parmi eux, certains ont dû le régulariser, à la suite d'un accident. D'autres, comme Gaël, vivant avec une hémiparésie de naissance, ont appris directement sur un véhicule adapté.
Gagner en autonomie
Echaudé par une mauvaise expérience dans une auto-école « classique », le jeune homme s'est tourné vers un établissement spécialisé, basé à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines : le Centre de ressources et d'innovation mobilité handicap (CEREMH). Pour lui, le permis est synonyme d'autonomie, une notion qui prend tout son sens en cas de handicap. « Je souhaite avant tout gagner du temps par rapport aux transports, par exemple pour me rendre à mes rendez-vous médicaux, à l'hôpital ou en kinésithérapie. Je me fatiguerai moins au quotidien. »
Patiente et pédagogie !
S'il regrette le manque d'empathie de son ancienne monitrice, il salue désormais la patience et la pédagogie de l'équipe du CEREMH. Pour y entrer, les élèves doivent franchir plusieurs étapes. « Il faut d'abord vérifier le dossier médical, qu'il n'y ait pas de contre-indication », affirme Justine Guérin, ergothérapeute. Si tout va bien, les apprentis conducteurs « doivent obligatoirement se rendre auprès d'un médecin agréé par la préfecture qui lui donne ou non un avis favorable. Ensuite, en tant qu'ergothérapeute, on doit évaluer si la personne est apte au niveau de ses fonctions, donc sur le terrain, en situation réelle et écologique. Enfin, le médecin, en fonction de tous ces rapports, donnera la décision définitive ».
Des aides techniques pour aménager son véhicule
L'élève pourra ensuite passer son permis avec différents aménagements selon ses besoins : des aides techniques, par exemple un joystick pour manipuler le volant avec une seule main, un système de frein et d'accélération combinés, à la main également, des pédales inversées, un cercle sur le volant pour accélérer, un levier de frein… Deuxième possibilité : la conduite embarquée depuis son fauteuil roulant électrique, avec plusieurs interfaces de conduite électroniques remplaçant le volant et les pédales.
Des aides pour financer son permis adapté
Différentes aides financières peuvent amortir la facture du permis « adapté » : une enveloppe PCH (Prestation de compensation du handicap) peut notamment être débloquée. Il est également possible de faire appel à l'Agefiph (fonds dédié à l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans le privé), au Compte personnel de formation (CPF) ou encore utiliser le permis Île-de-France.
D'autres auto-écoles adaptées
Tous les ans, le CEREMH de Vélizy-Villacoublay permet à une trentaine d'automobilistes en situation de handicap d'obtenir ou de régulariser, ce qu'on appelait il n'y a pas si longtemps, le précieux « papier rose ». Sur son site web, le centre recense l'ensemble des auto-écoles « adaptées » partout en France. Récemment, l'une d'entre elles, Drive Innov, basée en région Auvergne-Rhône-Alpes, s'est spécialisée dans l'accompagnement des publics ayant des troubles de l'apprentissage (troubles déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, « dys », autisme, retard mental...).
© Clotilde Costil