Bipolarité : elle photographie sa mère malade pendant 7 ans

Melissa Spitz est une jeune photographe originaire du Missouri, aux États-Unis. Durant 7 ans, elle a photographié sa mère atteinte de troubles mentaux, alcoolique et atteinte d'un cancer. Un projet artistique bluffant.

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« Tu n'as rien à craindre » ou « You have nothing to worry about » en anglais. Le titre du travail de Melissa Spitz intrigue d'abord. Cette photographe installée à Brooklyn a passé 7 ans à mettre en images les troubles psychiques de sa mère, bipolaire, alcoolique et atteinte d'un cancer. « J'ai utilisé l'appareil photo comme un filtre à travers lequel j'ai pu affronter sa maladie mentale. C'est devenu une véritable catharsis », raconte-t-elle au Huffington Post.

Pas de victimisation

Melissa Spitz a six ans lorsque sa mère Deborah intègre un institut psychiatrique de l'État de Washington à cause de troubles bipolaires. Atteinte, par la suite, d'un cancer, cette dernière se met à boire. Le traitement chimiothérapique et la boisson forment un cocktail explosif ; descente aux enfers qui la conduit au divorce. En 2009, Melissa entreprend des études d'art à l'Université du Missouri, à Columbia. Dans le cadre d'un projet invitant les étudiants à saisir des aspects de leur vie privée, elle commence à photographier sa mère au quotidien. Son travail consiste à passer du temps avec elle. Heureuse d'être au centre de l'attention, Deborah se sent valorisée et adhère avec beaucoup d'enthousiasme. « Je n'ai pas voulu montrer ma mère comme une victime, ce qu'elle n'est pas, précise la photographe. Par ailleurs, le fait qu'elle aime se montrer et qu'elle puisse parfois jouer en posant devant l'objectif ne déforme en rien la réalité, à mon avis ».

Des images très contrastées

Couvertures trouées de cendre, séjours à l'hôpital, papier peint arraché, délires maniaques et phases dépressives : les images de Melissa Spitz alternent entre portraits torturés, prises de vue distantes ou colorées, zoom sur des objets... Des clichés contrastés à l'image de la bipolarité de Deborah. Pourtant, si aucun ne se ressemble vraiment, tous, créant une harmonie singulière, reflètent une même réalité. Celle d'une mère handicapée par ses troubles et de sa fille, témoin de sa maladie psychique. « Ses diagnostics changent fréquemment, entre alcoolisme, troubles de la personnalité,  névrose hystérique, explique Melissa. Mes photos fonctionnent comme une conversation entre nous, jamais terminée. Mais d'aussi loin que je me souvienne, notre relation a toujours été pleine d'animosité. »

Une démarche controversée

Relayé depuis 2014, You have nothing to worry about fait désormais du bruit : sur Instagram (voir lien ci-dessous), l'artiste est suivie par 15 000 abonnés. « Certains pensent que j'exploite ma mère et que mes photos sont une insulte aux personnes qui souffrent de maladies mentales. Pour moi, ces commentaires ne valent rien en comparaison au bonheur que ces images apportent à ma mère et aux éloges de ceux qui me tendent les bras », déclare-t-elle aux médias. Sur son site, Melissa met en ligne d'autres projets mais celui-ci reste de loin le plus personnel. Plus qu'une reconnaissance et une certaine notoriété, il lui apporte désormais une « récompense » d'un autre genre : depuis qu'elle a vu ces images, sa mère a arrêté de boire : elle affirme qu'elles la poussent au changement.

© Melissa Spitz

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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