Plus posé que la veille (le 13 octobre 2014), quand la suggestion d'une peine de travaux d'intérêt général avait déclenché sa fureur, le procureur Gerrie Nel s'en est pris à l'argumentaire d'Annette Vergeer, fonctionnaire des services de probation. Après avoir insinué que Pistorius risquait d'être violé et exposé au manque d'hygiène en prison, celle-ci a été contrainte d'admettre que ce ne serait évidemment pas le cas s'il devait être incarcéré sous régime hospitalier. "Quand avez-vous mis les pieds pour la dernière fois en prison ? Et où ? Et pourquoi vous ricanez ?", l'a accusé M. Nel. La juge Thokozile Masipa, qui pourrait trancher dès le 17 octobre 2014, a assisté à cet échange tendu, opinant de la tête.
La prison le « détruirait »
D'une voix haut perchée, Annette Vergeer avait auparavant exposé pourquoi elle recommandait une amende ou du sursis, arguant de l'âge de Pistorius (27 ans), de son absence d'antécédents judiciaires, des remords "sincères" du champion et du mauvais suivi médical dont il souffrirait en prison. "Cela le détruirait davantage", a-t-elle dit, ajoutant qu'"un accusé ne peut pas être sacrifié pour répondre à la pression de l'opinion". "Il a les capacités pour être un citoyen utile à la société, et un atout inestimable pour les autres handicapés en particulier les enfants", a-t-elle ajouté. Les prisons sud-africaines sont notoirement surpeuplées (9e rang mondial) et connues pour leur violence, notamment là où les gangs font la loi. L'athlète s'apprêtait à lancer sa propre fondation quand il a abattu Reeva Steenkamp venue passer la nuit de la Saint-Valentin chez lui en 2013.
Au secours des enfants…
En septembre, il a été reconnu coupable d'homicide involontaire, la juge Thokozile Masipa estimant que l'intention homicide n'était pas démontrée. L'athlète soutient depuis le début s'être armé pour neutraliser un cambrioleur.La veille, le manager de Pistorius Pete van Zyl avait cherché lui aussi à réhabiliter le sportif, détaillant sa disponibilité de coeur et d'esprit, et même financière, pour aider à améliorer la vie des enfants nés comme lui avec un grave handicap. "Ca n'a rien d'original" pour un athlète de haut niveau de se consacrer à de grandes causes comme celle des enfants handicapés, a soutenu le procureur Gerrie Nel, durant le contre-interrogatoire du manager de Pistorius, Pete Van Zyl. "C'est simplement une étape de carrière", a affirmé le procureur, rappelant que les multiples sollicitations reçues avant qu'il ne tue sa petite amie Reeva Steenkamp en 2013 lui rapportaient aussi de l'argent. "Je pense que beaucoup de sportifs veulent apporter leur contribution et changer les choses", a rétorqué M. Van Zyl. "Mais c'est juste du bonus, un à-côté", a raillé M. Nel.
Retour à la compétition ?
Sans péroné à la naissance, Pistorius a été amputé des pieds à l'âge de 11 mois et équipé de prothèses. Il court équipé de lames de carbone lui valant le surnom ende "Blade Runner" (le coureur aux lames). Le 13 octobre, un expert du service pénitentiaire sud-africain avait déjà suggéré de le condamner à trois ans d'arrêts domiciliaires et un travail d'intérêt général. "Pour vous, il est acquis que l'accusé veut reprendre sa carrière d'athlète?", a demandé M. Nel à ce travailleur social cité par la défense, obtenant un "oui" catégorique. Sur ce point, le manager de Pistorius est resté plus évasif, mais sans rien exclure.
Un jugement très controversé
Motif de gloire nationale pendant des années en Afrique en Sud, alliant le glamour de son sourire de playboy à une réussite sportive hors norme, le nom d'Oscar Pistorius est désormais associé au jugement très controversé rendu en sa faveur. Beaucoup, y compris dans le monde judiciaire, ont été surpris qu'il échappe au verdict de meurtre, estimant que le champion savait qu'il risquait de tuer quelqu'un lorsqu'il a tiré quatre fois à balles expansives sur la porte fermée de ses WC où se trouvait, non pas un cambrioleur, mais sa petite amie.