Carrousel du Louvre, le 19 novembre 2012. Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, et George Pau-Langevin, sa consoeur de la réussite éducative, sont au premier rang, conviées par Jean-Louis Garcia, président de la fédération des APAJH. Marie-Arlette tutoie Jean-Louis, George gratifie Jean-Louis. Mais derrière cette connivence de bon aloi, un gage d'entente pour l'énorme chantier en cours, on soupçonne une accointance sous surveillance. « Nous dirons haut et fort ce qui va dans le bon sens, clame Jean-Louis Garcia, mais aussi tout ce qui ira à l'encontre d'une démarche républicaine. Mais cela, je n'ose y penser... » Pas question pour l'APAJH, vaillante quinquagénaire, de baisser la garde face à des promesses qui ne datent que de quelques mois...
50 ans d'existence
Jean-Louis Garcia se félicite néanmoins, depuis la nomination de Marie-Arlette Carlotti, « d'échanges confiants, directs et utiles pour les personnes handicapées ». Il rappelle néanmoins que « les plus vulnérables, les moins visibles ont souffert et continuent de souffrir, et ne doivent pas devenir la variable d'ajustement de la politique gouvernementale ». Et d'énumérer les dossiers prioritaires, à commencer par l'accompagnement des élèves handicapés en milieu ordinaire, levier de tous les engagements, pépinière d'un avenir qu'on espère meilleur... Il faut d'ailleurs rappeler que l'éducation est le socle originel de l'APAJH puisque cette association fut créée il y a cinquante ans par des enseignants.
Priorité à l'école pour tous
Ça tombe bien ! George Pau-Langevin est présente. Ministre déléguée à la réussite scolaire, elle rappelle que « la feuille de route du gouvernement est claire : concrétiser la mise en œuvre d'une société pour tous, de la petite enfance jusqu'au dernier jour de la vie ». En poste depuis quelques mois mais apparemment soulagée de voir l'accueil désormais offert aux élèves à besoins spécifiques dans l'école de la République, de plus en plus nombreux, ainsi que l'investissement des enseignants ». Ils étaient 227 000 en 2012, soit 30 000 de plus qu'en 2009. Soulagée mais pas candide pour autant. En témoigne le lancement d'un groupe de travail sur la professionnalisation de l'accompagnement scolaire « pour rompre avec ce gâchis inadmissible sachant que la précarité du statut de l'AVS (Assistant de vie scolaire) ne lui permet pas de donner le meilleur de lui-même ». L'APJH vient de finaliser la rédaction d'un accord-cadre avec l'Education nationale pour faciliter l'inclusion de tous les enfants handicapés, avec la perspective, pourquoi pas, de faire carrière dans les métiers de l'enseignement car, dans ce domaine, l'Education nationale est loin d'être exemplaire. « J'ai hâte de signer ce texte, poursuit Jean-Louis Garcia. Et vous pouvez compter sur notre soutien pour que l'Education nationale se montre digne de cette tâche. » Rendez-vous le 3 décembre, à l'occasion de la Journée mondiale des personnes handicapées, avec l'ambition que tout le corps enseignant pourra donner à cette date symbolique un lustre particulier.
Contrats d'avenir et de génération
L'école est donc une étape stratégique mais pas la seule... Jean-Louis Garcia revient, par exemple, sur le dispositif Passmo, passerelle du milieu professionnel protégé vers le milieu ordinaire, abandonné en 2009 par « un pouvoir politique peu inspiré par le sujet ! ». Il réclame sa réouverture, séance tenante. Il y a aussi l'accessibilité, l'emploi, la formation... Marie-Arlette Carlotti a signé, le 13 novembre 2012, le premier « contrat d'avenir handicap » destiné à un travailleur handicapé d'un ESAT d'Asnières (92). Un coup d'envoi pour ce nouveau dispositif qui a pour objectif d'aider les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), de l'Allocation parent isolé (API), de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS) et de l'Allocation Adulte Handicapé (AAH) qui rencontrent des difficultés pour s'insérer dans le monde du travail. Et bientôt le lancement du « contrat de génération » avec les trois objectifs suivants : l'emploi des jeunes de façon durable en contrat à durée indéterminée, le maintien dans l'emploi des seniors et la transmission des compétences dans les entreprises. C'était l'engagement 32 de François Hollande !
Tous les ministères engagés
Nommée depuis six mois, la ministre confie qu'elle « a souvent l'impression de ne pas aller assez vite ». Mais elle confirme que le handicap est devenu une préoccupation transversale de tous les ministres. « Et s'ils n'ont pas le bon réflexe, je suis là pour le leur rappeler. » Elle promet un « nouveau souffle pour la politique du handicap, priorité de ce gouvernement ». Avec d'ambitieux chantiers à venir : le troisième acte de la décentralisation dont « les associations de personnes handicapées n'ont pas à avoir peur », les actions en faveur de l'égalité, l'accès au logement, le troisième plan autisme en 2013, le développement de l'accessibilité à la communication pour les sourds et malentendants. Tous ces axes seront présentés lors d'un comité interministériel (composé par tous les ministres concernés par la politique du handicap) qui doit se réunir en février 2013. Une première puisque, selon elle « ce comité ne s'était jamais rassemblé depuis sa création, en 2009 ». Puis ce sera la prochaine Conférence nationale du handicap en 2014 (tous les trois ans).
En attendant, l'APAJH célèbre ses cinquante ans le 10 décembre, à l'Assemblée nationale. Autre décor, autre ambiance mais toujours la même volonté. A cette occasion, un livre « 50 ans de combat » sera édité. Le combat ne restera pas pour autant figé sur papier glacé. Jean-Louis Garcia l'assure, « il n'est pas prêt de s'arrêter ».
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Politique handicap : 50 ans que l'APAJH veille au grain !
Trophées de l'APAJH 2012. L'heure était à la fête mais l'intervention de deux ministres a également permis de faire le point sur les chantiers en cours en matière de politique du handicap. Des promesses sous haute surveillance...