A 33 semaines de grossesse (7 mois et demi), le bébé, une petite fille de 1,845 kg, a vu le jour le 12 février 2021. « La mère et l'enfant vont bien », a déclaré le professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie-obstétrique et de médecine de la reproduction de l'hôpital Foch de Suresnes (92), à l'origine de cette prouesse. La maman, Deborah, âgée de 36 ans, avait bénéficié en mars 2019 de la première greffe d'utérus française, réalisée par la même équipe, avec l'utérus d'une donneuse vivante, qui n'était autre que sa mère alors âgée de 57 ans.
Un espoir pour de nombreuses femmes
Née sans utérus, la patiente est atteinte du syndrome de Rokitansky (MRKH), qui touche une femme sur 4 500 à la naissance. Cette grossesse constitue un espoir pour les patientes comme elles ou celles dont l'utérus a dû être enlevé et représente une alternative expérimentale à la gestation pour autrui (GPA), interdite en France, ou à l'adoption. « On attend toujours un an pour être sûr que l'utérus greffé ne soit pas rejeté », souligne le Pr Ayoubi. Il s'agit d'une « greffe provisoire » pour avoir un enfant, rappelle-t-il. Mais, pour celles qui le veulent, il est possible de mener à terme une deuxième grossesse. C'est le cas de sa patiente, mais « on attendra un an ».
La première naissance au monde après une greffe d'utérus a eu lieu en Suède en 2014. Survenue un an après la transplantation, elle avait été annoncée dans la revue médicale The Lancet par l'équipe du professeur Mats Brännström de l'université de Göteborg. La donneuse vivante avait 61 ans. Au total, quinze naissances ont été obtenues dans le monde après greffe utérine.
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