Amputée, elle a réalisé son rêve, vivre de sa peinture

En se jetant sous un métro, Priscille Deborah voulait en finir. Et c'est pourtant là qu'elle a commencé à vivre. Amputée de trois membres, elle a fait face à la dépression pour réaliser son rêve : devenir artiste peintre.

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Elle avait tout pour être heureuse : une jolie frimousse, une carrière brillante dans le commerce puis l'industrie du cinéma, un mari, un enfant. Et pourtant, le bonheur ne suffit parfois pas au bonheur. Des blessures profondes empêchent Priscille Deborah d'exister, de trouver un sens à sa vie. Comment peut-elle se donner le droit de vivre quand son frère de neuf ans vient de mourir d'une maladie incurable ? Elle se métamorphose en jeune fille parfaite, obéissante, invisible. Pendant des années, elle reste prisonnière de ce drame familial dont elle n'arrive pas à s'extraire, même en devenant maman. Dépression… L'amour des siens n'y peut rien.

L'épreuve de la liberté

Alors, un jour, Priscille se jette sous un métro. Mais sa mort est un « échec » ; la jeune femme s'en sort, amputée des deux jambes et d'un bras. Elle n'est plus qu'un bloc de désespoir, d'amertume et de honte. Contre toute attente, au fil du temps, c'est lorsque la vie semble la plus difficile à vivre qu'elle se met à y prendre goût. A la faveur de plusieurs rencontres, elle entrevoit sa renaissance, sa liberté, en dépit des difficultés comme élever seule sa fille dans une maison inadaptée. Cette deuxième chance, pas question de la rater. Priscille avait toujours voulu devenir artiste ; mais sa carrière brillante et « respectable » en avait décidé autrement. Amputée mais pas pour autant diminuée, elle décide donc de s'adonner à sa passion, la peinture.

Des expos dans le monde entier

Aujourd'hui, à 40 ans, la talentueuse artiste a retrouvé le gout de vivre, tout près de Bordeaux, auprès d'un nouveau compagnon et de ses deux filles. Elle expose en France (plusieurs expos en Gironde en juillet et août 2015), ou ailleurs, des œuvres où règnent comme un terrible chaos. Tourbillon d'énergie et de couleurs qui sublime l'intensité de sa passion pour l'art et les déchirements de son existence. Il y a du Munch dans le visage tourmenté de ses « Farfadets », qui transpercent la toile d'un cri, de l'élégance dans ses « Des habillées », une sensualité troublante dans ses « Ames fortes ». Son énergie vitale et son désir de communiquer aux autres sa passion pour l'art et son goût de la vie l'ont conduite à développer une pratique de performance. A l'occasion de concerts ou spectacles, elle peint en direct, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans les relations qu'un artiste entretient avec son public.

Priscille raconte cette longue épopée vers l'autonomie dans un ouvrage paru en février 2015, La peine d'être vécue. « Je suis tombée amoureuse de la vie », confie-t-elle. Plus envie de mourir, plus jamais. Un magnifique récit de résilience qui encouragera chacun de ses lecteurs à aller au bout de ses rêves et de ses envies…

La peine d'être vécue, éditions Les Arènes
Priscille Deborah avec Julia Pavlowitch-Beck
Date de publication : 4 février 2015
288 pages
Prix : 17 euros

© Nathalie Jouan

Illustration article Amputée, elle a réalisé son rêve, vivre de sa peinture
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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