Dix à vingt ans. C'est en moyenne le nombre d'années d'espérance de vie en moins des personnes atteintes de maladies psychiatriques. Or 20 % des Français seront concernés au cours de leur vie, ce qui en fait un « enjeu majeur de santé publique », selon l'Inserm et le CNRS*, porteurs du programme « Propsy » (Projet-programme en psychiatrie de précision). Ce dernier a été sélectionné par le gouvernement dans le cadre d'un appel à projets qui mobilise trois milliards d'euros pour la recherche française. Dans cette enveloppe globale, 80 millions d'euros seront alloués à ce programme sur cinq ans, a annoncé la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, le 18 juillet 2022. Avec ce coup de pouce financier, les chercheurs de l'Inserm et du CNRS ont pour ambition de « développer une psychiatrie de précision pour révolutionner le diagnostic de troubles psychiatriques et la prise en charge des patients ».
Des options thérapeutiques innovantes
Ce programme de recherche ambitieux va se concentrer sur quatre des troubles psychiatriques et du neurodéveloppement les plus « invalidants » : la bipolarité, la dépression, la schizophrénie et les troubles du spectre de l'autisme (TSA). L'objectif ? Mieux comprendre leurs causes et leurs mécanismes, découvrir leurs marqueurs pronostiques, soutenir le développement d'une filière biomédicale incluant le digital. Les scientifiques du CNRS et de l'Inserm espèrent également pouvoir réduire les délais de diagnostic « encore longs à être posés » mais aussi affiner les options thérapeutiques qui provoquent souvent des effets secondaires invalidants.
« Une décision porteuse d'espoir »
Ces fonds devront aussi permettre de renouveler l'approche de certaines maladies avec l'arrivée d'une génération de jeunes scientifiques et de soignants ou encore de réduire la stigmatisation et les fausses représentations. Il s'agit-là d'un effort inégalé pour ce secteur souvent considéré comme le parent pauvre de la médecine. « Alors que la santé mentale s'est dégradée avec la crise sanitaire (+ 30 % de dépressions) (article en lien ci-dessous), c'est une décision extrêmement importante et porteuse d'espoir pour des millions de patients, leurs familles, les chercheurs et soignants. », ont affirmé Gilles Bloch, PDG de l'Inserm, et Marion Leboyer, directrice générale de la Fondation FondaMental et pilote scientifique du projet. De son côté, cette dernière a salué un « succès historique pour la recherche en psychiatrie ». En effet, miser sur ce secteur scientifique pourrait être une stratégie payante à plus ou moins long terme. On estime que les coûts directs et indirects liés aux troubles psychiatriques ont atteint 160 milliards d'euros en 2019, soit 5 % du PIB Français.
*Porté conjointement par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), le projet s'appuiera sur des partenaires tels que la Fondation FondaMental, le CEA, Sorbonne Université, l'Université de Bordeaux, l'Université de Lille, l'Université de Paris et l'Université Paris Est Créteil.