En 2018, tout juste un an sépare l'espérance de vie sans incapacité des femmes (64,5 ans) et des hommes (63,4 ans), révèle une récente étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques). Si cet indicateur baisse légèrement pour les femmes par rapport à 2017 (-5 mois), il progresse de 10 mois pour le sexe opposé. Il reste, tout de même, relativement stable depuis une décennie. En parallèle, l'espérance de vie à la naissance n'a cessé de s'allonger jusqu'à atteindre 85,3 ans pour les femmes et 79,4 ans pour les hommes, en 2018, ce qui pose l'enjeu de la qualité́ de la fin de vie. Comment vivons-nous passés 65 ans ?
Mesurer l'espérance de vie en bonne santé
L'espérance de vie à la naissance est l'un des indicateurs de santé le plus fréquemment utilisé pour connaître l'état de santé d'une population. Cependant, il n'est pas suffisant et doit être complété par un indicateur qui combine à la fois la dimension quantitative et qualitative pour mieux apprécier le bénéfice de ces années de vie supplémentaires. C'est le cas de « l'espérance de vie sans incapacité » parfois appelée « espérance de vie en bonne santé » ou encore « espérance de santé ». Trois appellations pour un même indicateur qui mesure le nombre d'années qu'une personne peut compter vivre sans souffrir d'incapacité dans les gestes de la vie quotidienne. Cette mesure s'appuie sur les réponses à la question, posée dans le dispositif européen « European union statistics on income and living conditions (UE-SILC) », « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, à cause d'un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? ». La version française de ce dispositif européen intitulée « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie », interroge, chaque année, des ménages ordinaires qui résident en France métropolitaine. En 2018, l'échantillon était composé de 14 000 ménages.
Les femmes, plus limitées dans leurs activités ?
Selon les résultats, en France, la part des années vécues sans incapacité avoisine 75 % pour les femmes contre 79% pour les hommes. Un double constat s'impose : l'absence d'écart significatif de l'espérance de vie sans incapacité entre les deux sexes indique que les années de vie supplémentaires dont jouissent les femmes sont vécues avec certaines limitations d'activité. En France, si l'espérance de vie à la naissance des femmes se démarque de celles des autres pays européens en se positionnant au second rang, derrière l'Espagne, celle sans incapacité se situe tout juste dans la moyenne européenne. Pour les hommes, la situation est plus mitigée puisque les deux indicateurs sont proches du niveau européen.
Recul de l'âge d'entrée en incapacité
En outre, au-delà de 65 ans, le nombre moyen d'années de vie en bonne santé atteint 11,2 ans pour les femmes et 10,1 ans pour les hommes, soit une hausse respective de 1 an et 2 mois et 1 an et 5 mois, depuis 2008. Concrètement, selon cette étude, à 65 ans, une femme peut espérer vivre encore 23,2 ans mais le nombre moyen d'années sans incapacité est estimé à 11,2 ans. Pour les hommes, l'espérance de vie à 65 ans s'élève à 19,4 ans tandis que celle sans incapacité, au même âge, est de 10,1 ans. L'indicateur de l'espérance de vie en bonne santé à 65 ans s'inscrit dans une tendance à la hausse depuis dix ans, ce qui traduit un recul de l'âge d'entrée en incapacité des personnes ayant atteint 65 ans. Les progrès de la médecine ?