« Donnons-nous les moyens de l'inclusion », c'est le titre du rapport sur l'emploi (en lien ci-dessous) remis le 16 janvier 2018 par Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, à Muriel Pénicaud, ministre du Travail. En 101 pages, il dresse le bilan des actions à mener en faveur des personnes les plus éloignées de l'emploi. Jeunes, seniors, personnes malades, migrants et, bien sûr, personnes handicapées. Pour rédiger ce rapport, près de 400 personnes ont été auditionnées. Parmi elles, dans le champ du handicap, l'Association des paralysés de France (APF), la Croix-Rouge, Nexem ou encore Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge du handicap.
Une volonté politique affirmée
Ses conclusions : « Nul n'est inemployable » mais rien ne se fera sans une volonté politique affirmée. « La croissance est de retour, on nous l'annonce, explique Jean-Marc Borello en préambule de son rapport. Elle va cependant d'abord bénéficier aux moins éloignés de l'emploi : elle va réduire le chômage par le haut. Or la situation des deux millions de personnes durablement éloignées du marché du travail est préoccupante. » Rappelons que, parmi elles, 500 000 sont en situation de handicap, avec un taux de chômage de 20%, deux fois supérieur à la moyenne nationale.
19 recommandations
Dans ce contexte, le rapport fait 19 recommandations. Par exemple : développer « l'employeur-abilité » - la capacité à employer - comme critère de sélection dans l'aide à l'emploi et envisager une obligation d'embauche des chômeurs de longue durée, et un bonus-malus pour généraliser la prise en compte de « l'employeur-abilité ». Ou encore veiller, lors de la conception des dispositifs d'aide à l'emploi, à insister sur leur continuité avec le droit commun et non sur leurs différences pour éviter un effet stigmatisant. Il propose également d'amplifier l'expérimentation « Territoires zéro chômeurs », d'envisager des « contrats de professionnalisation accélérée » accessible à une partie des personnes éloignées de l'emploi, qui seraient accompagnées vers l'excellence par leur employeur grâce à une subvention.
Du côté des contrats aidés
En matière de contrats aidés, il propose, notamment, pour les rendre plus efficaces, de passer à des « parcours emploi compétences » de qualité qui seraient limités à des « employeurs apprenants ». Deux entretiens tripartites salarié- employeur-prescripteur (le plus souvent Pôle emploi), à la signature du contrat puis 1 à 3 mois avant la fin du contrat, permettront de contrôler le respect des engagements et d'anticiper la sortie du contrat de travail, dans une logique de parcours. Pour bénéficier de ce dispositif unique, les employeurs devront donc mettre en œuvre tout ce qui permet de s'insérer durablement en respectant trois critères : emploi, formation et accompagnement personnalisé.
Un fonds d'inclusion dans l'emploi
L'une des propositions de ce rapport consiste également en la création un « Fonds d'inclusion dans l'emploi » sur le modèle de ce qui existe dans le secteur de la santé, dont la souplesse d'utilisation doit permettre aux préfets de région de mobiliser les aides à l'accès ou au retour à l'emploi en fonction des réalités du terrain. Ce rapport en appelle donc à une « mobilisation large » et préconise « d'aller à la racine et rendre notre système économique moins excluant ». « Un chantier plus vaste, auquel tous les ministères devraient participer, au lieu de colmater les brèches d'autres ministères avec le budget de l'emploi, comme par le passé ». Une conférence réunissant plusieurs d'entre eux est évoquée. « Je veux que l'on sorte des politiques publiques qui se contentent de mettre les gens dans des cases », expliquait Muriel Pénicaud dans les colonnes du Parisien.
© Compte Twitter Muriel Pénicaud