« Le 31 août, à 9 heures, le rectorat m'a appelée pour me dire que je ne pourrai pas aller travailler le lendemain parce que mon contrat n'était pas prêt », raconte Célia, accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH) dans le Finistère. Comme elle, 26 % des AESH n'avaient pas reçu leur affectation fin août 2022, à quelques jours seulement de la rentrée scolaire. C'est ce qui ressort d'un sondage effectué un mois plus tard par Handi actif France. Après le récent rapport au vitriol de la Défenseure des droits sur les conditions de travail des AESH (article en lien ci-dessous), le collectif enfonce le clou. Appréciation : « Mention passable » pour cette rentrée 2022. Même si le nombre d'accompagnants a progressé de 42 % depuis 2017, avec, notamment, 4 000 postes supplémentaires à la rentrée 2022, pour atteindre 132 200, la profession se précarise et peine à attirer de nouveaux candidats. En cause ? Une précarité des contrats de travail avec seulement 25 % de CDI et un salaire mensuel moyen qui ne dépasse pas 840 euros et, ce, après six ans d'exercice.
Les PIAL : une fausse bonne idée ?
Autre point de blocage : les pôles inclusifs d'accompagnement localisé (PIAL) qui, à l'origine, étaient censés réorganiser le travail des AESH pour permettre de mieux répartir et coordonner leurs interventions en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves. Or, deux ans après sa mise en place sous l'ère Blanquer (article en lien ci-dessous), force est de constater que le dispositif est encore loin de faire l'unanimité au sein du collectif. Ce dernier dénonce une « mutualisation à outrance de l'accompagnement humain » qui conduit certains intervenants à « bâcler leur travail », sans aucune considération pour les besoins réels des enfants. En effet, « seulement 14 % des élèves ont une AESH individuelle et presque la moitié doivent la partager entre quatre et six élèves », révèle le sondage. 23 % des accompagnants doivent se déplacer entre deux établissements, voire plus. C'est le cas de Catherine. Cette dernière, qui intervient habituellement dans un lycée des Yvelines, doit désormais ajouter à son emploi du temps un mi-temps dans un collège, éloigné du premier établissement.
Evaluer l'efficacité des PIAL
Référente dans un PIAL, Anna est aux premières loges de ces dysfonctionnements internes : « La gestion des PIAL n'est pas encadrée et, surtout, on n'y accorde pas de moyens. Les notifications tombent par dizaine dans les PIAL, en juillet et août, et il n'y a personne pour les gérer. » Si le PIAL a permis aux AESH de combler leurs emplois du temps grâce à de nouvelles affectations, celles-ci étant éloignées géographiquement « les frais de déplacement n'ont pas été anticipés », déplore Anna. Elle suggère donc que les « PIAL soient plus petits, avec un rayon moins large ». De son côté, le collectif Handi actif réclame au ministère de l'Education nationale la « réalisation d'un état des lieux de ces dispositifs afin d'évaluer leur pertinence et leur efficacité » et de « réels moyens financiers pour l'accompagnement des élèves en situation de handicap ».