Ils battaient déjà le pavé en septembre, notamment sous les fenêtres du rectorat de Grenoble (article en lien ci-dessous), dénonçant une « rentrée archaïque », ou en Mayenne pour protester contre des « bidouillages ». Le 6 novembre, ils étaient encore une quarantaine dans le Val-de-Marne à protester contre les conditions d'accueil des élèves handicapés. Ils se mobiliseront à nouveau le 20 novembre 2019, cette fois-ci à l'échelle nationale, à l'appel de neuf organisations syndicales. « Ils », ce sont les AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) dont la situation est jugée « préoccupante », voire pour certains « alarmante ». D'une même voix, ils dénoncent des : temps incomplets subis, non renouvellement massifs, salaires non versés avec des acomptes souvent indécents, affectations aberrantes, attentes insupportables de documents administratifs et services de gestion saturés.
Des mesures pour la rentrée
Les promesses étaient pourtant là… Le gouvernement a en effet mis en œuvre des mesures concrètes avec 4 500 ETP (équivalent temps plein) supplémentaires d'accompagnants en cette rentrée, portant leur total à 90 000. Leur emploi a également été consolidé puisqu'ils sont désormais recrutés en contrat à durée déterminée de 3 ans, renouvelable une fois avant signature d'un CDI en cas de poursuite de leur activité. Pour renforcer l'attractivité du métier, la nouvelle circulaire prévoit également une amélioration des conditions de rémunération, une augmentation du temps de travail grâce à la mutualisation et à la mise en place des PIAL (pôle inclusif d'accompagnement localisé), ainsi qu'une meilleure formation. Le 4 novembre, le gouvernement dressait le bilan, mettant en avant les effets de son plan pour une école dite « inclusive ». Ce comité de suivi a réuni au ministère de l'Education Jean-Michel Blanquer, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, et plusieurs associations.
Le compte n'y est pas
Pourtant, le compte n'y est pas selon le Sgen-CFDT qui dit avoir alerté le ministère de l'Education nationale à plusieurs reprises pour « améliorer la situation de ces personnels », qualifiant de « catastrophique » la gestion des ressources humaines « localement ». « Nous rencontrons encore des difficultés à recruter » les AESH, « en Ile-de-France notamment », reconnaissent les ministres. Certains, malgré leur contrat en CDI, n'auraient toujours pas perçu de salaire depuis septembre. « Les nouveaux contrats ont été mis en place dans une grande précipitation et tous n'ont pas pu être modifiés en temps et en heure », explique Sophia Catella, du syndicat Snuipp-FSU. Le 8 octobre 2019, Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel se sont vu remettre un rapport d'enquête parlementaire, qui préconise notamment de revaloriser le rôle et la formation des accompagnants. Le Sgen assure que « devant l'impossibilité de dialoguer, de voir des perspectives pour leur avenir, nombre d'AESH préfèrent démissionner plutôt que travailler dans des situations aussi précaires ».
Un véritable statut
Au cœur de la tourmente, ce sont aussi les PIAL qui sont implantés pour le moment dans 40% des écoles, collèges et lycées. « On se dirige vers davantage de mutualisation, ce qui signifie que les AESH vont devoir se partager davantage d'enfants et que tous n'auront pas le nombre d'heures d'accompagnement nécessaires », redoute Mme Catella. De son côté, l'intersyndicale craint que la flexibilité imposée par la mise en place de ces pôles n'aggrave la situation des AESH.
Face à ce constat, les syndicats réclament la création d'un véritable statut de la fonction publique. Ce sera leur mot d'ordre lors de la journée de mobilisation nationale le 20 novembre prochain, qui promet de déployer ses banderoles devant différents rectorats et le ministère de l'Education nationale.