"Les établissements spécialisés accueillant plus de 50 personnes handicapées", fermeront leurs portes d'ici 2022, a déclaré, Violeta Alexandru, ministre roumaine du Travail et des Affaires sociales, le 9 janvier 2020, au cours d'une conférence de presse à Bucarest. L'objectif : redonner de l'autonomie et réinsérer socialement les patients.
Système de soins défaillant
"La situation est plus grave qu'il y a 10 ou 15 ans. L'Etat et ses institutions ignorent aujourd'hui les besoins de ces personnes, se préoccupant davantage des besoins du système", a déploré la ministre, membre d'un gouvernement libéral qui a succédé fin 2019 aux sociaux-démocrates. Le traitement infligé aux patients d'un centre de Urlati (sud) avait défrayé la chronique en novembre 2019 : les 175 résidents subissaient diverses brimades, étaient interdits de sortie ou contraints de passer plusieurs jours dans une pièce borgne. Une enquête avait conclu que quatre personnes décédées auraient pu être sauvées si le personnel médical avait adopté le comportement adéquat lors de blessures ou de maladies curables. En août, un autre drame a choqué la Roumanie : cinq patients ont été tués et neuf autres blessés par un autre patient dans un hôpital psychiatrique du nord-est de Bucarest. Le ministère de la Santé a imputé au personnel une "longue série d'erreurs" ayant rendu possible ce passage à l'acte meurtrier. La Roumanie a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l'Homme pour les défaillances de son système de soins.
Ces patients qui gènent
A la suite de cette annonce, la responsable de l'autorité roumaine "chargée de la protection des personnes déficientes", Madalina Turza, a mis en cause le "personnel abusif, qui ne respecte pas les droits" des patients. Ces derniers "ne doivent plus être traités comme des animaux" a-t-elle plaidé, soulignant la nécessité de lutter contre les préjugés et la stigmatisation. En 2019, la Bulgarie, confrontée à un problème similaire, avait annoncé un plan d'action sur trois ans, suite aux critiques du comité des Nations unies contre la torture. Début janvier, une enquête de la médiatrice bulgare a révélé des conditions dégradantes de prise en charge dans un hôpital accueillant des patients atteints de démence sénile. En un an, 24 des 60 résidents sont décédés, un taux anormalement élevé pour le type de pathologies traitées. Le parquet a été saisi. La Roumanie et la Bulgarie évoquent souvent le manque de moyens pour justifier la persistance de pratiques héritées du système communiste. Un psychiatre bulgare gagne environ 450 euros par mois et un infirmier 250 euros. Dans les régimes communistes d'Europe de l'Est, tombés en 1989, les malades étaient enfermés dans de grands établissements pour ne pas affecter l'image positive de la société diffusée par la propagande d'Etat.