80 % des personnes sourdes et malentendantes évoquent des difficultés pour lire et écrire, a fortiori le jargon médical. Un obstacle méconnu qui peut pourtant avoir des répercussions majeures sur leur santé. En effet, 33 % d'entre elles sortent de consultation avec des incertitudes sur les prescriptions ou commettent par la suite des erreurs de posologie. De même, 35 % des pharmaciens observent un mésusage des médicaments chez les personnes déficientes auditives*. Pour améliorer leur prise en charge, l'entreprise pharmaceutique UPSA lance le programme de sensibilisation et de formation « Dialogue de sourds », à destination des professionnels de santé. L'objectif : leur faire prendre conscience des difficultés que rencontrent ces patients et les outiller pour favoriser une compréhension mutuelle.
2 modules en ligne
Si elle est utile, la lecture labiale a ses limites : en effet, seules 30 à 45 % des personnes sourdes ou malentendantes saisissent réellement ce que leur professionnel de santé leur dit. Ainsi, au lieu de « prendre 1 comprimé le soir après le repas », certains comprennent qu'il faut prendre un comprimé, et manger ensuite. De même, d'autres sourient quand on leur annonce : « Vous êtes séropositif » car ils comprennent « c'est positif ». Lassés de ces dialogues de sourds, 36 % de ces patients révèlent avoir renoncé à aller voir un médecin ou un pharmacien. Pour changer la donne, l'UPSA propose, gratuitement, deux modules en ligne, d'une dizaine de minutes, et trois fiches pratiques, afin de « donner les clés d'une communication réussie à l'officine » (lien ci-dessous). Un projet récompensé notamment au festival de la Communication santé 2019 par le Prix Argent, dans la catégorie Communication médicale pour les professionnels de santé.
Ce dispositif s'inscrit dans la continuité de la création du service d'information médicale Sourdline (article en lien ci-dessous), en 2016, avant l'obligation légale. Le principe : une plateforme met en relation des personnes sourdes avec un interprète bilingue Français / Langue des signes française (LSF), qui contacte l'UPSA et traduit les échanges. Le patient peut alors se renseigner sur des termes médicaux, sur l'utilisation de certains médicaments ou encore signaler un éventuel effet indésirable.
* Enquête Vidal, Octobre 2019