Plus de 50 ans après, la tragédie du thalidomide refait surface. Ce médicament fabriqué en Allemagne fut prescrit à la fin des années 1950 et au début des années 1960 comme moyen « sûr » pour traiter les nausées matinales, les maux de tête, la toux, les insomnies et les rhumes. Chez les femmes enceintes, il a provoqué la mort et des malformations chez des milliers de nouveau-nés dans de nombreux pays européens. Les victimes continuent de se battre pour un juste dédommagement dans plusieurs pays de l'Union. Dans une résolution adoptée le 15 décembre 2016, les députés ont demandé à l'UE et ses États membres de veiller à ce que tous les citoyens concernés aient accès une indemnisation similaire.
L'Allemagne en 1ère ligne
Le gouvernement fédéral allemand devrait permettre aux victimes d'accéder au fonds de santé spécial créé en Allemagne, au vu de la responsabilité particulière que porte le pays, affirment les parlementaires. À l'époque, des documents attestent en effet d'un manque évident de contrôle pharmaceutique efficace en République fédérale d'Allemagne, contrairement à d'autres pays tels que les États-Unis, la France, le Portugal et la Turquie. Par ailleurs, des recherches montrent que, dans les années 1970, le gouvernement fédéral est intervenu dans les procédures pénales contre Chemie Grünenthal GmbH, le fabricant allemand du thalidomide. Par conséquent, la culpabilité du fabricant n'avait pas pu véritablement être établie. De plus, des mesures ont été prises pour empêcher une procédure civile à l'encontre de cette compagnie, précisent les députés.
Un protocole-cadre au niveau européen ?
Ces derniers demandent que les survivants du thalidomide au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie, en Suède et dans d'autres États membres soient admis dans le cadre du système sur une base collective, à condition que leur statut en tant que personnes touchées par le thalidomide ait été accepté dans leur propre pays. La Commission européenne devrait créer un protocole-cadre au niveau européen, au titre duquel tous les citoyens de l'UE victimes recevraient des montants de compensation similaires. Elle devrait par ailleurs élaborer un programme européen d'aide et de soutien aux victimes et à leurs familles, expliquent les députés.
Cette tragédie fait écho aux récents « scandales » du Mediator et de la Dépakine (article en lien ci-dessous). Un vaste regroupement d'associations et de juristes réclame la création d'« un véritable fonds ouvert à toutes les victimes d'effets indésirables graves de médicaments » pour mettre fin à l'injustice et à des indemnisations « pas à la hauteur » des préjudices.
© Zerbor/Fotolia