« Seules 13 % des projections sous-titrées en 2024. » Le collectif Silence on grimpe publie une enquête qui met en lumière le manque d'accessibilité des festivals de films de montagne et d'aventure aux cinéphiles avec une déficience auditive.
Utilisation du sous-titrage : de 0 à 12 festivals en 2 ans
« En 2022, aucun film en version française n'était sous-titré dans le cadre de ces évènements », se souvient Arnaud Guillemot, président de ce collectif lancé en janvier 2025. « En 2024, 12 évènements sur 40 l'ont fait, au moins en partie. » Une « progression très encourageante », selon cet homme, sourd profond de naissance, qui constate « une vraie prise de conscience et de réels efforts de la part de certains organisateurs », fruit d'un « long travail de sensibilisation ».
Plus acceptable 20 ans après la loi de 2005 !
Malgré ces « efforts », la majorité de ces festivals restent peu inclusifs, déplore-t-il. Résultat : « 6 millions de personnes doivent, pour l'heure, se contenter de 13 % de l'offre nationale, principalement concentrée sur la région Rhône-Alpes ». « Ce n'est plus acceptable, alors que la loi du 11 février 2005, exigeant une égalité d'accès à l'ensemble des lieux publics fête cette année ses 20 ans », proclame-t-il, souhaitant « alerter les parties prenantes de cet écart ».
Absence de transcription des échanges
Par ailleurs, à ce jour, « aucun événement ne réalise de transcription en direct des échanges avec les intervenants, ce qui ne permet pas de profiter d'une expérience complète. Seul le festival Femmes en montagne a mis en place des interprètes en langue des signes française (LSF) pour l'ensemble des débats, en 2024 », félicite Arnaud Guillemot.
Peu d'infos sur les films sous-titrés
Concernant la mention du sous-titrage sur les différents supports de communication (Internet, affiches, réseaux sociaux), des progrès restent encore à faire... « Trois quarts des événements ne mentionnent pas du tout les films qui sont sous-titrés ou ne le précisent pas de manière claire et évidente (absence de logo, de mention VFST et VOSTFR) », constate-t-il. Or, « le public concerné ne se déplacera pas sans ces informations ».
Le sous-titrage ne gêne pas...
Arnaud Guillemot peine à comprendre les raisons d'une telle réticence. « Le sous-titrage ne perturbe en rien l'expérience des (télé)spectateurs. Il s'agit d'une idée reçue », affirme-t-il. « 87% du public du Reel rock tour n'est pas gêné, 94 % soutiennent la démarche du sous-titrage au festival d'Autrans, 86 % du public des Rencontres ciné montagne est partant pour une édition 100 % sous-titrée », selon les organisateurs de ces évènements.
... au contraire, il se démocratise !
Au contraire, le sous-titrage est même de plus en plus populaire, notamment auprès des jeunes. 70 % de la génération Z les utilisent alors qu'ils ne sont pas tous sourds ou malentendants, selon un sondage de la plateforme d'apprentissage des langues Preply de 2024. « Or il s'agit du futur public qui va fréquenter les salles de cinéma à moyen terme », souligne Arnaud Guillemot.
Plus de festivals engagés en 2025
De nature optimiste, il pressent que le vent va tourner... « À la suite de la publication d'une lettre ouverte à l'automne 2024, une dizaine de festivals ont exprimé leur volonté d'améliorer l'accessibilité dès 2025 : sous-titrage intégral des films, mention claire sur les supports de communication, et plus encore », se réjouit ce cinéphile, qui se tient à la disposition des organisateurs qui désirent des conseils, des ressources pédagogiques ou des contacts professionnels. Action !
© Tima Miroshnichenko de Pexels
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