« Venez comme vous êtes », tels est le slogan des « Rencontres militaires blessures et sports ». Nom de code : RMBS. Ils sont paraplégiques, tétraplégiques, amputés ou atteints de stress post-traumatique… Tous militaires des trois armées blessés au combat. César, sous un pseudo, raconte son accident, en Afghanistan. Atteint en pleine après-midi, par 50 degrés à l'ombre. Pas de médecin sur place mais un infirmier qui lui apporte les premiers secours avec un dévouement exceptionnel, contrôlant l'hémorragie. L'avion n'arrivera que le lendemain matin. Il est transféré au Val de Grâce, saluant le soutien exceptionnel que lui et ses proches ont reçu. Il ne regrette qu'une chose, lui, chef de groupe dans les forces spéciales, aguerri aux situations extrêmes, il s'est senti, durant son hospitalisation, infantilisé par le personnel civil qui officie parfois dans les établissements dans l'armée. « Le personnel soignant militaire, ce sont aussi des militaires ; on sent cette proximité, cette fraternité, qu'on ne retrouve pas forcément avec les civils ».
54 militaires engagés
Depuis, comme ses compagnons d'arme, il a fait du chemin… Il ne retournera jamais sur le terrain mais, avec le soutien de l'armée, a émis le souhait de reprendre des études, à Sciences-Po, dans un master international. En fauteuil roulant, César n'a pas négligé son corps pour autant. Lui, comme 53 autres, est ici pour prouver qu'en dépit du handicap, malgré des blessures parfois profondes, il est toujours capable. C'est l'objectif de ces RMBS, créées en 2012 par la Cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre (CABAT). Il s'agit de deux stages multisports (16 juin au 25 juin 2014 et 25 juin au 4 juillet 2014). La glisse, la vitesse, les sports de contact… Ça cogne pas mal et tant mieux. A leur façon, les participants ont choisi de retourner au combat. Ils témoignent à visage découvert mais à identité cachée. Tous disent que ces RMBS sont une étape nécessaire dans leur parcours de reconstruction, une façon de réapprendre à vivre à travers le sport, dans un esprit de camaraderie.
Marie-Amélie Le Fur au rendez-vous
Le 26 juin 2014, au sein du CREPS de Bourges (Cher), ils ont reçu la visite de leur ministre, de la Défense, Jean-Yves Le Drian (reportage photos en lien ci-dessous), venu leur dire ce que la nation leur devait. A certains, elle doit tant… L'un, dans son fauteuil roulant électrique, actionne l'arc du bout des lèvres ; l'autre peine à faire rouler sa balle de boccia (sorte de pétanque jouée avec des boules en cuir). Aujourd'hui immobiles, on les imagine debout et ardents au combat. D'autres ont eu plus de « chance ». Ils continuent de marcher, de courir, de se mouvoir, pratiquent l'athlétisme, l'aviron, le VTT ou le biathlon. Et pourquoi pas le grimpé d'arbre ? Peut-être deviendront-ils champions, monteront-ils sur les podiums… A l'instar d'une athlète qui est venue ce jour-là leur rendre visite, Marie-Amélie Le Fur, sprinteuse médaillée d'or aux Jeux paralympiques de Londres sur le 100 mètres. Elle est aux côtés de Michäel Jeremiasz, lui aussi titré en tennis fauteuil.
Cris de guerre du XV du Pacifique
D'autres hommages, celui du XV du Pacifique, l'équipe militaire de rugby de Polynésie française. Colosses en treillis, danse virile et cris de guerre, un haka pour faire frémir l'adversaire. En apparence car, quelques minutes plus tard, sous un soleil radieux, ils empoignent leurs guitares et ukulélés et réinventent la variété française tempo maori. Au milieu de cette garnison insolite, un soldat qui n'a pour seul mouvement que son sourire…