« Je n'ai pas envie d'imposer ça à mes collègues ». Un expert dit souvent entendre un « vocabulaire de la culpabilité de la part des personnes sourdes ou malentendantes ». Si la surdité touche 10% de la population, soit 6 millions de Français, elle reste méconnue et incomprise, notamment dans le monde du travail. La Fondation pour l'audition a donc décidé d'éditer fin 2021 un guide pour favoriser l'inclusion en entreprise de ce public. Son nom ? « L'essentiel pour se connaître, se comprendre et travailler ensemble » (en lien ci-dessous). Objectif, en une vingtaine de pages ? Apporter des solutions concrètes et faire de l'inclusion « un atout ». Il fait suite à un premier guide pédagogique intitulé « L'essentiel pour connaître et comprendre les surdités » publié en octobre 2020.
32 entretiens individuels
Cette nouvelle étude qualitative est issue de 32 entretiens individuels menés auprès d'actifs sourds ou malentendants, leurs collègues, managers, ou directeurs des ressources humaines, et des experts de la surdité en entreprise. Après avoir décrypté leur parcours, elle propose des solutions concrètes qui contribuent à faire sauter les « verrous ». Conclusion : « l'inclusion dépend avant tout de la volonté de l'entreprise et de sa capacité à s'organiser pour informer, former et coordonner tous les acteurs, à tous les niveaux ».
4 moments décisifs
Ce guide identifie quatre moments décisifs, et « trop souvent jalonnés de difficultés » : les pratiques discriminatoires lors de l'embauche, la manière d'aborder la surdité sur le CV ou lors de l'entretien, l'intégration dans l'entreprise qui dépend très largement de la sensibilisation et de la préparation du manager et des collègues et, enfin, l'évolution professionnelle souvent limitée, « entre plafond de verre, malentendus, ignorance des besoins et inadaptation des postes de travail ». Jérémie Boroy, président du Comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), lui-même sourd, juge que « les surdités n'empêchent pas l'interaction mais nécessitent seulement de mobiliser les bons outils et de sensibiliser aux bonnes pratiques pour que l'ensemble des collaborateurs, sourds et entendants, puissent lever les freins et interagir sereinement ».