Non, le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité n'a rien d'un mythe et n'est pas surévalué. Le 23 septembre 2024, la Haute autorité de santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations sur les diagnostics et interventions thérapeutiques auprès des jeunes concernés. Elle entend ainsi favoriser la reconnaissance de ce trouble, mieux outiller les médecins de premiers secours et tordre le cou aux idées reçues, notamment psychanalytiques.
Des « raisons psychoaffectives » jugées responsables
Longtemps considérés comme l'apanage des paresseux ou des idiots, les troubles de l'attention souffrent encore de nombreux stéréotypes. « Cette incompréhension engendre une non-considération de ce trouble pourtant handicapant », déplorait, en mars, Docteur Jonathan Moussa, médecin généraliste et membre du groupe de travail HandiConnect (5 fiches-conseils pour mieux repérer le TDAH).
En tête de liste de ses détracteurs ? Caroline Goldman, fille du chanteur à succès, psychologue pour enfants et adolescents. Selon elle, sur les 5 % d'enfants diagnostiqués en France, seuls 0,5 % seraient « vraiment TDAH », les autres étant victimes de « sur-diagnostic ». Leur agitation et leurs difficultés de concentration seraient ainsi liées à des « raisons psychoaffectives (...), des désordres de l'attachement ou des dysfonctionnements éducatifs », écrit-elle dans son Guide des parents d'aujourd'hui (éditions Flammarion). La docteure en psychopathologie clinique dénonce, de ce fait, la « surprescription » de méthylphénidatec (un stimulant du système nerveux central) associée.
Thérapie psychanalytique : efficacité insuffisamment évaluée
En 2023, sur France Inter, la psychologue prétendait « soigner » ses patients en quelques séances. Une affirmation démentie par de nombreux experts, auxquels vient s'ajouter la HAS. « Les psychothérapies basées sur la psychanalyse ne sont pas un traitement spécifique du TDAH », affirme Rapport de la HAS (Format PDF - 990 Ko). « En l'absence d'évaluation suffisante, les approches psychothérapeutiques de type neurofeedback, entraînement cognitif, programmes basés sur la pleine conscience, thérapie psychanalytique et thérapies autres que les TCCE (thérapies comportementales cognitives et émotionnelles) ne sont pas recommandées (...) », précise-t-elle.
Manque de professionnels formés
Pour rappel, le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui « comprend des symptômes d'inattention et de distractibilité, accompagnés ou non d'hyperactivité et d'impulsivité », éclaircit la HAS. Actuellement, le manque de professionnels formés entraîne un retard d'accès aux soins et, de ce fait, un retard de diagnostic et de prise en charge ou une prise en charge non adaptée, déplore l'autorité publique indépendante. « L'accès à un diagnostic formel et à un suivi précoce est un « enjeu majeur afin de ne pas conduire à une aggravation des conséquences psychologiques, scolaires, familiales et sociales chez l'enfant », martèle-t-elle.
Un webinaire pour mieux diagnostiquer et accompagner
Pour aiguiller les professionnels de santé et les autres acteurs intervenant auprès des jeunes concernés (médecins généralistes, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, infirmiers, professionnels sociaux éducatifs ou de l'Education nationale), la HAS organise le webinaire "TDAH : comment diagnostiquer et accompagner ?" (sur inscription), le 5 novembre 2024, de 19h30 à 21h.
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