Déjà en temps ordinaire, c'est compliqué ! Mais avec l'annonce du gouvernement d'une perspective de réouverture des restaurants en plein air, peut être à la mi-mai 2021, certains redoutent les obstacles à venir. Comme il y a un an, lors du premier déconfinement, certains trottoirs et voies publiques seront certainement pris d'assaut par des terrasses éphémères, entravant parfois la circulation de personnes en situation de handicap, notamment aveugles, avec des béquilles ou en fauteuil roulant.
1,40 m de passage
Si tous les Français espèrent ardemment le retour à plus de liberté et au grand air, certaines associations, sans vouloir jouer les rabat-joie, appellent néanmoins à quelques précautions. C'est notamment le cas à Strasbourg où l'extension des terrasses des 350 restaurateurs et cafetiers a été annoncée par la mairie. « Oui mais pas au détriment des piétons aveugles et malvoyants pour qui l'accessibilité de la voierie est une problématique quotidienne », alerte la Fédération des aveugles Alsace Lorraine Grand Est, qui déplore qu'elles puissent « aller jusqu'au double de l'espace qu'elles occupent déjà ». Son président, Gabriel Reeb, redoute une « vraie entrave (…) car il n'y a rien de plus difficile que d'apprécier les grands espaces en extérieur. Vu la complexité des obstacles à gérer, les personnes aveugles ou malvoyantes n'iront tout simplement plus au centre-ville. » Si l'on se réfère à la loi, la largeur minimale du cheminement piéton doit être de 1,40 mètre libre de mobilier ou de tout autre obstacle éventuel le long du bâti.
Une problématique internationale
Or la fédération dit avoir déjà signalé à de nombreuses reprises la non-conformité de certaines terrasses par le passé à la Ville de Strasbourg. Participant activement aux commissions dédiées, elle appelle à trouver « la solution la plus adaptée tant pour les restaurateurs que pour les piétons ». Une problématique locale qui risque inévitablement d'avoir un retentissement national dans ce nouvel été pas comme les autres… Pour s'y préparer, la Ville de Paris a par exemple établi une charte à destination des commerçants. Et pas qu'en France. Au Canada ou en Belgique, les associations, confrontées à l'occupation parfois indisciplinée de l'espace public, alertent elles aussi.