Par Katie Forster
Pour Kevin Martyn, qui répare les fauteuils roulants des rugbymen paralympiques aux Jeux de Tokyo, travailler en combinant matériel sportif et équipement paramédical est le "défi ultime".
Un sport "vraiment intense"
Ce Canadien de 37 ans fait partie des dizaines de techniciens spécialisés venus au Japon pour s'assurer que les sportifs ne seront pas lâchés par leurs équipements durant les compétitions. "J'adore ces chaises roulantes, parce qu'elles sont fabriquées pour se percuter aussi fort que possible", explique Kevin Martyn à l'AFP en ajustant la hauteur d'un fauteuil dans un atelier éphémère du Yoyogi National Stadium. "Ils sont fabriqués pour les chocs, ils se cassent, et j'adore être capable d'être là pour les réparer, afin que les joueurs puissent continuer à jouer dur dans ce sport vraiment intense", poursuit-il.
Puzzle de 17 300 pièces détachées
Il travaille pour Ottobock, une entreprise allemande présente avec ses ateliers de réparation lors de chaque édition des Jeux paralympiques depuis 1988, avec plus de 100 employés venant de 23 pays sur place, à Tokyo. L'atelier principal se trouve au sein du Village paralympique, où les coureurs peuvent venir pour l'entretien de leurs prothèses, tandis que les archers y obtiennent des protège-doigts personnalisés, imprimés en 3D. "Tous les métiers sont différents et ont leur part de défi, et parfois vous ne savez pas ce qui va vous tomber dessus. Pour moi, c'est le puzzle ultime à résoudre", s'enthousiasme Kevin Martyn. Ottobock a amené 17 300 pièces détachées à Tokyo afin de parer à toute éventualité et d'être capable de procéder aux réparations nécessaires rapidement et efficacement.
L'impression 3D à l'essai
Mais l'entreprise considère que ce volume important pourrait un jour être réduit grâce à l'impression 3D, à l'essai pour la toute première fois au sein de leur atelier lors de ces Jeux paralympiques qui se terminent le 5 septembre. "Nous avons fait venir quatre grands containers depuis l'Europe jusqu'ici, parce que nous ne savons jamais à quoi s'attendre, nous avons eu besoin d'apporter énormément de choses", explique Peter Franzel, responsable des grands événements chez Ottobock et en charge de l'opération Jeux paralympiques. "Nous avons beaucoup de pneus, de vis, d'écrous, de boulons... Nous avons aussi l'articulation du genou pour les prothèses, les pieds, les charnières...", énumère Peter Franzel. Pour l'instant, l'impression 3D est trop lente pour fabriquer suffisamment de pièces à temps durant la compétition, alors que la solidité des produits finis est encore améliorable. Mais Peter Franzel place de grands espoirs dans cette technologie : "Peut-être que dans le futur, nous n'emmènerons qu'une imprimante 3D et imprimerons tout ce dont nous avons besoin", envisage-t-il.
Ottobock a déjà effectué pas moins de 800 réparations lors des dix premiers jours, et reste disponible 24 heures sur 24 en cas d'urgence. "En étant capable d'aider, même un tout petit peu -changer une chambre à air, réparer une cassure-, vous savez que vous faites une grande différence", sourit Kevin Martyn.