En 2019, dans toute l'Europe, près de 40 % des postes dans le transport routier de marchandises (TRM) ne sont pas occupés et le phénomène risque de s'accentuer. Face à ces difficultés, le secteur entend multiplier les sources de recrutement et s'adresser aussi aux candidats en situation de handicap, qui représentent seulement 3,21 % des employés de la branche. Pour tenter de répondre à l'obligation légale de 6 % de travailleurs handicapés, des entreprises et centres de formation professionnelle se sont donc pourvus de quatre simulateurs de véhicules lourds équipés pour les personnes à mobilité réduite afin de leur permettre de suivre une formation professionnelle sur mesure. L'objectif est double : rendre le secteur plus accessible et augmenter l'employabilité des personnes handicapées, dont le taux de chômage avoisine 19 %.
Formation sur mesure
Ce simulateur s'adapte aux besoins de chaque employé, selon ses difficultés. Il n'y a pas qu'une façon de conduire ! A défaut de pouvoir utiliser un volant classique, les personnes amputées des membres supérieurs peuvent, par exemple, avoir recours à des « boules » pour manœuvrer un véhicule. D'autres aménagements, tels que l'inversion des pédales, un joystick télécommandé ou encore une commande de navigation wifi sont également proposés. Un accompagnement à la montée aux commandes par le biais d'assistance peut également être envisagé. Le 27 juin 2019, la fondation Carcept Prev (groupe Klesia), acteur majeur de la branche Transport, a remis les quatre machines au centre de formation transport et logistique AFTRAL de Monchy-Saint-Eloi (Oise). Si ce dernier s'en octroie une, les trois autres seront livrées à des centres dans toute la France. « Ce simulateur doit permettre d'évaluer les aptitudes des candidats afin qu'ils puissent poursuivre (ou non) dans cette voie professionnelle », explique Benjamin Laurent, directeur délégué de la fondation Carcept Prev. Une initiative qui remet les travailleurs handicapés sur la bonne « voie »... de l'emploi ?
L'adaptation, à quel prix ?
Deux ombres au tableau cependant. La première, le simulateur est uniquement adapté aux personnes à mobilité réduite, qui ne représentent que 7 % des personnes handicapées, « et aucune autre adaptation n'est prévue pour le moment », précise M. Laurent. Par ailleurs, « même si des solutions existent pour favoriser leur formation dans le secteur du TRM, comme ce simulateur, le plus dur reste à faire, à savoir réaliser les aménagements nécessaires sur un camion classique, conclut-il. Cela représente un coût conséquent qui peut constituer un frein à l'embauche pour certaines entreprises... »