Près d'une personne sur cinq a eu besoin d'aide pour raison psychologique depuis la crise du Covid-19 en France. C'est ce que révèle la troisième étude de la cohorte EpiCov couvrant les années 2020 et 2021 et publiée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) en juin 2022. Si la pandémie a braqué un coup de projecteur sur les problèmes de santé mentale des Français, et c'est tant mieux, elle a aussi aggravé de nombreux troubles psychiques préexistants (article en lien ci-dessous). A commencer par les syndromes anxieux ou dépressifs qui concernent 16 % de la population âgée de 16 ans et plus en juillet 2021, avec une augmentation des cas de dépression sévère entre 2019 et 2022. Si la santé mentale des jeunes reste précaire (article en lien ci-dessous), bonne nouvelle, les indicateurs de dépression semblent toutefois en recul entre juillet 2021 et juillet 2020 !
Effets de la crise à court et long termes
La pandémie a également bouleversé les organisations de travail, sans épargner l'équilibre psychologique des actifs (article en lien ci-dessous). Or, l'étude indique que les personnes ayant eu des périodes inhabituelles de surcharge professionnelle (28 %) ou se plaignant d'avoir à l'inverse eu trop peu de travail (9 %) et celles ayant assumé des missions qu'elles n'avaient jamais faites auparavant ont été plus exposées à des syndromes anxieux, dépressifs et mêmes des troubles du comportement alimentaire. Cela concerne également celles travaillant en horaires décalés. Ce n'est en revanche pas le cas des personnes déclarant être exclusivement ou partiellement en télétravail.
De fortes inégalités sociales
Après la crise sanitaire vient la crise économique et, avec elle, son lot de troubles psychiques associés. Ce sont effectivement les Français les plus modestes qui ont été les premiers cueillis par la vague psychiatrique post-Covid. Les étudiants, chômeurs et autres inactifs présentent, selon l'enquête EpiCov, des taux de troubles psychiques surélevés par rapport aux personnes en emploi ou retraitées. D'autres publics s'avèrent également à risque ; les femmes, les jeunes, les personnes issues de l'immigration, ayant un faible soutien social ou en situation de handicap, vivant dans des zones de forte densité urbaine, exposés longuement aux écrans ou aux réseaux sociaux ou ayant été touchés par le Covid restent, de manière générale, plus sujettes à une santé mentale dégradée. Un seul indicateur est défavorable aux plus aisés : la part de personnes dont la consommation d'alcool excède les recommandations sanitaires. Elle passe de 17 % chez les plus modestes à 25 % chez les plus aisés. Toutefois, les consommations d'alcool à risque important concernent 5 % de la population, quel que soit le niveau de vie.