Par Yurko Dyachyshyn
Ils étaient mécanicien, soldat de la marine ou autre militaire, le conflit contre la Russie les a marqués à vie dans leur chair. Ils sont aujourd'hui vétérans de guerre et se retrouvent dans l'ouest de l'Ukraine, une zone éloignée des combats, pour leur rééducation qu'ils passent à faire du sport. "C'est vraiment génial, j'ai commencé l'haltérophilie avec un entraîneur personnel, le volley-ball et la natation", raconte, enthousiaste, Nazar Nozoviï, 23 ans, un ancien mécanicien de l'armée. Alors qu'il ne savait quasiment pas nager avant, il dit à l'AFP maintenant pouvoir faire "une moitié de piscine olympique, (soit) 25 mètres" et espérer participer aux Invictus Games cette année. Ces jeux, créés en 2014 par le prince Harry pour les soldats blessés au combat, ont lieu cette année du 9 au 16 septembre prochain à Dusseldorf (Allemagne).
Une nouvelle vie faite de nouveaux défis
A Lviv, dans le complexe sportif où l'AFP s'est rendue, des athlètes de plusieurs disciplines s'affrontent, le tout dans une bonne ambiance. Nazar, amputé des deux jambes, se montre particulièrement motivé : "On ne s'apitoie pas seulement à cause de nos blessures. Non. On avance, on s'améliore". Vitaliï Skidan, 27 ans, un opérateur de lance-grenades, voit lui aussi sa nouvelle vie comme une "nouvelle étape". Cet ancien soldat du bataillon Azov il y a plusieurs années l'assure : "Ma vie n'est pas finie". "Cela ne fait que commencer, avec de nouvelles émotions, de nouvelles opportunités et de nouveaux défis", ajoute-t-il, prothèse en métal fixée à sa jambe gauche. Idem pour Vassil Stoujenko, 40 ans, qui, une fois blessé, s'est dit : "Oui tu as été touché mais la vie continue, (tu) dois la vivre à fond". "Alors je me suis retrouvé dans le sport", explique-t-il, serviette à l'épaule, après avoir fini des longueurs de bassin.
Opportunité de croire en ses capacités
Pour Oleksandre Bichko, 26 ans, un ancien commandant de l'armée ukrainienne qui s'est mis à la course, participer aux Invictus Games en septembre "serait une grande réussite dans ma carrière et dans ma vie personnelle", dit-il. Des propos qui font écho chez Serguiï Maïdeniouk, un commandant adjoint, au point d'estimer que la compétition sportive qui se profile "donne à chaque militaire blessé une chance de croire en lui-même et en ses capacités". "Quel que soit le résultat, ils sont gagnants : ils ont surmonté leurs maladies et leurs peurs intérieures", veut-il croire.
Certains veulent toutefois revenir à leur vie d'avant. C'est le cas par exemple de Benjamin Nazartchouk, 21 ans, un ancien soldat de la marine, qui a sauté sur deux mines lors de la contre-offensive dans la région de Kherson, à l'automne dernier. "Mes blessures sont assez récentes. Mais quand je serai guéri, je pense que je reviendrai à la guerre", affirme-t-il, optimiste. Mais "pour l'instant, je vais représenter l'Ukraine, pendant un an ou deux".
© Photo d'illustration générale