2 000 kilomètres pour relier Lyon à Bucarest et montrer que « le handicap n'est pas un frein au voyage, à l'aventure, à la liberté », c'est le défi que s'est lancé Antoine Durand, un lyonnais de 33 ans. En fauteuil roulant électrique et sous respirateur, ce jeune homme atteint de la myopathie de Duchenne ne peut pas prendre l'avion, « les compagnies aériennes n'étant pas adaptées à ses besoins ». Pas question pour autant d'être assigné à résidence ! Grâce à son véhicule aménagé par Handynamic, et à une organisation de pointe, il traversera, cet été, la France, l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie et la Roumanie. « Pour affirmer que la mobilité est un droit, pas un privilège ! »
Un projet collectif et un acte militant
Top départ le 13 juillet pour une arrivée à Bucarest le 20 juillet 2025 ! Tout au long de la semaine, Antoine sera accompagné de Sandrine et Sophie, ses deux auxiliaires de vie. Au volant ? Valentin et Michel, conducteur solidaire trouvé grâce à une annonce dans un journal local. « Ce projet est à la fois une aventure collective, rendue possible par l'humain, la confiance et la solidarité » mais aussi « un acte militant, un appel à la société : la mobilité et l'accessibilité doivent être garanties pour toutes et tous, sans exception », clame le jeune homme.
Un jeune homme engagé
Animé par cette ambition, il avait lancé en novembre 2024, une pétition en ligne pour alerter sur les pannes d'ascenseur récurrentes dans le métro lyonnais (Métro lyonnais : des usagers handicapés privés d'ascenseur). Grâce à sa détermination, Antoine avait obtenu la mise en place d'une commission accessibilité par Sytral mobilités, l'autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais, avant d'être élu vice-président du CARPA, le collectif associatif pour l'accessibilité dans le Rhône.
Inspirer les personnes handicapées et interpeler les décideurs
« Ce voyage n'a de valeur que s'il est vu, entendu, relayé », plaide Antoine. Il entend donc documenter chaque étape avec photos, vidéos, témoignages à l'appui, non pas pour « se mettre en avant », mais pour montrer « ce que permet une société inclusive, et ce qui reste à faire ». L'autre enjeu de ce périple à travers le Vieux continent est « d'inspirer les personnes handicapées, de faire réfléchir les décideurs et de mobiliser les citoyens autour de valeurs fortes : liberté, égalité, solidarité ». « En médiatisant ce projet, on donne une image positive du handicap. On interpelle. On sensibilise. On fait avancer la cause de l'accessibilité et des transports pour tous », estime le baroudeur. Et de conclure : « Ce n'est pas un simple road trip, c'est une aventure citoyenne, un plaidoyer européen, un récit d'émancipation. »
© Katia Fabre