Une pyramide de chaussures contre les mines antipersonnel

Pour les 30 ans de sa pyramide de chaussures, Handicap international alerte sur la recrudescence des mines antipersonnel. Une menace durable pour les civils, dont les enfants, qui entraîne handicaps et amputations bien après les conflits.

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Dessin de 3 personnes qui lancent leurs chaussures avec le #stopmines.

Par Lionel Bonaventure

Des enfants lancent leurs baskets usagées sur une place de Lyon. Pour le 30e anniversaire de sa pyramide de chaussures, Handicap international (HI) s'alarme du retour en force des mines antipersonnel dans le monde, notamment aux portes de l'Europe.

85 % sont des victimes sont des civils, notamment des enfants

En 1995, l'ONG lyonnaise, devenue l'un des promoteurs majeurs du déminage et des prothèses sur les théâtres de conflits, lançait à Lyon, Paris, Marseille et Strasbourg sa pyramide de chaussures. Pour sensibiliser les opinions à ces petits engins explosifs incapables d'arrêter une armée et ses chars mais tuant ou mutilant atrocement : « plus de 85 % des victimes sont des civils avec une énorme proportion d'enfants », résume Sabrina Montanvert, responsable de la communication de HI, devant des parcours éducatifs où grands et petits suivent attentivement un spécialiste simulant le déminage de plusieurs types d'engins.

Traité contre les mines antipersonnel : 165 pays engagés

Deux ans après les premières pyramides, en 1997, le traité d'Ottawa interdisant les mines antipersonnel était signé, puis progressivement ratifié par 165 pays sur les 193 que compte l'ONU. Sauf les États-Unis, la Chine, la Russie, entre autres. La même année, la coalition International campaign to ban landmines (ICBL), dont faisait partie HI, a reçu le Prix Nobel de la Paix.

Des ateliers pour sensibiliser à Lyon

Les 26 et 27 septembre 2025, la pyramide de chaussures lyonnaise était entourée d'une dizaine d'ateliers. Comme la reconstitution d'un centre de réadaptation de HI en Afghanistan, avec son kiné, son orthoprothésiste, son ergothérapeute, son psychologue et son parcours de réapprentissage à marcher. « C'est pas bien les mines, il faut les enlever quand ils ont fini la guerre », lâche Mady, 9 ans, en franchissant difficilement des obstacles, un genou replié sur une prothèse. « Ces mines continuent de tuer des décennies après les conflits », déplore Elliot de Faramond, responsable Plaidoyer, sésarmement et crises à Handicap international.

Un combat humanitaire plus que jamais d'actualité

L'ONG a fourni 400 000 prothèses ces cinq dernières années et aidé 371 315 personnes à se réadapter à la vie courante, proclame un panneau. Mais pour ce 30e anniversaire des pyramides, employés et bénévoles font grise mine : six pays d'Europe frontaliers ou proches de la Russie viennent de se retirer ou ont annoncé leur retrait du traité d'Ottawa, trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine : Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Ukraine. Moscou et Kiev en déploient massivement sur leur front. « Ottawa est en danger, on pensait ce combat contre les mines antipersonnel derrière nous mais même la Pologne a annoncé son intention d'en produire un million », se désespère Sabrina Montanvert.

© Site web de Handicap international

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