« Le sport de voile, c'est l'une des rares pratiques accessibles à tous », estime Christine Courtois, vice-présidente de la Fédération française de voile, en charge de la mixité et du handicap. Une affirmation étonnante puisque, dans l'imaginaire collectif, ce sport peut paraître peu compatible avec le handicap. Pourtant, présents dans cette discipline depuis environ trente ans, les licenciés en situation de handicap sont aujourd'hui estimées à 15 000, soit presque 6 % du nombre total d'inscrits. Un chiffre que Christine Courtois souhaite augmenter dans les prochaines années.
Les para navigateurs, des role models
Première étape : la valorisation des représentations de para athlètes lors des compétitions. Récemment, c'est Damien Seguin, skipper né sans main gauche et « role model pour les sports de voile », qui prenait le départ du Vendée Globe 2024, le mythique tour du monde en solitaire. D'autres para navigateurs français ont marqué l'histoire, comme Chris Ballois en kitesurf, ou Gauthier Bril, vice-champion du monde de para voile (en photo ci-dessus).
Promouvoir la voile accessible
Mais la Fédération ne s'arrête pas là. Avec son « plan inclusion », le développement de la para voile (en loisir, compétition ou haut-niveau) est une « priorité fédérale ». L'objectif ? Prouver aux personnes elles-mêmes et à leur famille qu'il est possible de naviguer avec un handicap. Pour cela, la Fédération s'appuie sur des partenariats, notamment avec l'Education nationale, des Instituts médico-éducatifs (IME) et des Établissements et services d'accompagnement par le travail (ESAT).
« Nous organisons également des événements de voile, à destination des personnes en situation de handicap mais aussi des 'valides' », complète la vice-présidente. Au programme : baptêmes, salons, compétitions... Si ces dernières sont parfois réservées aux personnes en situation de handicap, d'autres sont « handi-valides », comme les désigne Christine Courtois. « Nous voulons que les personnes aient les mêmes accès aux compétitions que les autres », explique-t-elle.
La para voile, une évidence ?
Certaines personnes se révèlent d'ailleurs particulièrement douées pour ce sport atypique. En évoquant l'autisme, la vice-présidente de la Fédération se souvient d'un adhérent qui l'avait marquée : « Il se sentait mieux dans son bateau que sur la terre ferme et avait une compréhension des vents marins incroyable. Et il n'avait pas besoin de certains outils, pourtant indispensables à d'autres ! ».
Reste à convaincre les clubs !
Autre public à convaincre, et pas des moindres : les clubs. Avec un message principal : il n'y a pas forcément besoin d'investir des milliers d'euros pour rendre ce sport accessible. Si des bateaux adaptés existent en effet, comme des navires insubmersibles, il suffit parfois de peu : rampes d'accès, application de géolocalisation en audiodescription pour les personnes malvoyantes… « Les clubs nous disent souvent qu'ils ne savent pas comment faire, qu'ils n'ont pas le matériel. Alors que la majorité du temps, il suffit d'adapter la flotte qu'ils ont déjà ! »
Assurer la sécurité
Récemment, la Fédération s'est également attaquée aux idées reçues sur la sécurité. Souvent considérée comme dangereuse, la voile n'est en réalité pas plus risquée pour les personnes en situation de handicap. L'essentiel, selon Christine Courtois, est de connaître le handicap afin d'adapter l'encadrement : « Nos bénévoles et nos éducateurs de para voile peuvent suivre des formations destinées à accompagner ce public et ainsi permettre une navigation en toute sécurité ».
En parallèle, la Fédération française de voile conçoit des kits pédagogiques de sensibilisation pour que les entraîneurs aient « moins peur du handicap », comme le précise sa vice-présidente avec un demi-sourire.
© Fédération française de voile