Women's care : un programme pour soutenir les femmes en ESAT

Congé maternité, garde d'enfants, douleurs de règles... Via son programme Women's care, l'Esat Tech'air entend "prendre soin" de ses 35 travailleuses handicapées et palier aux difficultés qui leur sont propres. Parole libérée sur des sujets tabous.

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Handicap.fr : Quel est l'objectif du projet Women's care mis en place au sein de l'Esat (établissement et service d'accompagnement par le travail) Tech'air de Villiers-le-Bel (Val d'Oise) ?
Henri-Aurélien Chopinaud, son directeur : Ce programme a pour but d'accompagner les femmes dans les différentes étapes de leur vie et de les soulager face aux difficultés quotidiennes qu'elles peuvent rencontrer : retour progressif en emploi après un congé maternité ou un cancer du sein, adaptation des conditions de travail pendant les périodes de règles (pauses, congés supplémentaires), aide à la parentalité, assistanat en cas de violences conjugales, partenariat avec l'association SOS Nounou pour les aider dans la garde d'enfant... Un large réseau de partenaires est en train de se constituer avec le pôle éducatif et social pour trouver à chaque difficulté une solution.

H.fr : Comment est né ce projet ?
HAC : A l'issue du premier confinement. Durant cette période inédite, l'équipe du pôle éducatif et social a été amené à rendre visite aux travailleurs en situation de handicap chez eux. Beaucoup de problématiques sont alors apparues : violences intra-familiales, difficultés à s'occuper des enfants, etc. L'équipe a réfléchi à des actions qui pourraient aider les femmes au quotidien dans notre Esat et permettre à la parole à se libérer sur des sujets parfois tabous. Ces femmes ont par ailleurs joué un rôle clé durant la crise sanitaire puisque Tech'Air fabrique des dispositifs médicaux indispensables pour combattre le Covid-19 notamment.

H.fr : Pourquoi avoir créé un programme en faveur des femmes en particulier ?
HAC : C'est une manière de valoriser l'égalité homme-femme au sein de notre établissement qui emploie 35 femmes et 41 hommes. Dans ce type de structure, il n'y a pas vraiment la possibilité d'avoir des promotions internes, des hausses salariales ni même des primes. Alors il était important de mettre en place des actions concrètes pour que les femmes puissent travailler sans être pénalisées par leur « condition ». L'objectif : permettre à chacune d'obtenir un suivi adapté et l'écoute nécessaire.

H.fr : Les retours sont-ils positifs ?
HAC : Oui. Nos salariées ne se sentent plus seules face à leurs difficultés car elles savent qu'à tout moment, elles peuvent solliciter l'aide de professionnels qui vont tout mettre en place pour trouver des solutions. La confiance est donc installée avec les salariées et les familles.

H.fr : Ce programme est-il unique en France ? Quel est l'enjeu ?
HAC : Il est unique car il répond à tous les besoins des femmes durant les différentes étapes de leur vie. Aujourd'hui, il est primordial que les entreprises prennent en compte les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées et qui les pénalisent dans leur emploi. Une femme pliée en deux à cause de douleurs de règles n'est pas en capacité de travailler correctement et nous devons TOUS en tenir compte. Même si cela tend à se généraliser, c'est encore trop peu évoqué, voire tabou, et c'est dommage. Nous travaillons donc, pour l'heure, comme un véritable « laboratoire » qui promeut des innovations sociales et managériales prêtes à être dupliquées.

H.fr : Quels autres projets avez-vous mis en place pour améliorer la vie professionnelle des femmes, et plus largement des salariés en situation de handicap ?
HAC : Le Women's care fait partie du dispositif « Bien dans son corps, bien dans sa tête » qui se décline en trois autres axes :
-    L'écoute du matin. Chaque matin, les travailleurs en situation de handicap se réunissent quinze minutes avec leurs moniteurs. Ce temps d'écoute permet de détecter les éventuelles problématiques et, le cas échéant, d'en informer directement le pôle éducatif et social qui recevra immédiatement la personne afin de mettre en place des actions concrètes.
-    Des actions de prévention par des professionnels de santé. L'idée, ici, est d'avoir un mini centre de soins intra-entreprise qui accueille des audioprothésistes, des ophtalmologistes, des nutritionnistes, des psychologues, des gynécologues, etc. L'enjeu est de détecter précocement les problèmes de santé et de faciliter l'accès aux soins. Sur le long terme, nous souhaiterions investir dans une cabine qui propose de la téléconsultation médicale.
-    Le programme « Bien-être » qui propose des espaces beauté animés par des coiffeurs, des esthéticiennes mais aussi des sophrologues, ostéopathes et professeurs de yoga pour travailler sur la détente, le lâcher prise et la confiance en soi.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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