Lors de l'année scolaire 2016/2017, ce sont 50 nouvelles unités d'enseignement (UE) en maternelle qui seront installées afin de faciliter la scolarisation des enfants présentant des troubles du spectre autistique ou envahissants du développement, en s'appuyant, selon le ministère "sur le déploiement d'interventions précoces, personnalisées, globales et coordonnées telles que recommandées par la Haute autorité de santé".
110 unités en trois ans
30 unités d'enseignement en maternelle ont ainsi été créées à la rentrée 2015. Elles s'ajoutent aux 30 unités ouvertes dès la rentrée 2014. Avec ces 50 nouveaux emplois dédiés, 110 UE auront ainsi été créées, certains départements disposant alors de deux dispositifs. Ces unités d'enseignement d'IME (Institut médico-éducatif) implantées dans les écoles maternelles ordinaires permettent la scolarisation de sept enfants autistes âgés de 3 à 6 ans. Leur accompagnement global se fait au sein des écoles afin de mobiliser les capacités d'inclusion et d'apprentissage au plus tôt, par des approches éducatives, thérapeutiques et d'enseignements adaptées. Elles visent à amener ces enfants à suivre un cursus classique au terme de ces trois ans, ou parfois même avant.
Une augmentation de plus de 30 % en 4 ans
Cette annonce a été faite par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, le 25 février 2016 ; "pour rendre l'école toujours plus inclusive", elle "donne la priorité cette année à l'adaptation des différents dispositifs de scolarisation pour répondre au mieux aux besoins des 260 000 enfants qui bénéficient aujourd'hui de parcours spécifiques". Les élèves présentant des troubles autistiques ou des troubles envahissants du développement (TED) scolarisés dans les établissements scolaires étaient, selon le communiqué de presse du ministère, 26 347 en 2014-2015 contre 23 545 l'année précédente, soit une augmentation de plus de 30 % en 4 ans. Les 2/3 bénéficient de l'aide d'un d'auxiliaire de vie scolaire et 14 000 sont scolarisés au titre d'une unité d'enseignement.
Les mesures du 3ème plan autisme
Dans la dynamique du troisième plan autisme, lancé en 2013, le ministère se félicite des "nombreux efforts accomplis" afin de déployer une offre adaptée à la scolarisation des élèves avec TED, pour permettre une gradation de la prise en charge et une continuité des parcours. Ce plan prévoit la création de 3 400 places d'accueil supplémentaires pour enfants et adultes (soit près de 6 300 places entre 2015 et 2018 en comptant le reliquat du 2e plan), le dépistage précoce de l'autisme, dès 18 mois, une prise en charge précoce et intensive et une évolution des pratiques professionnelles. En juillet 2015, sept familles ont pourtant, pour la première fois, obtenu en justice des dédommagements de l'Etat pour "carences" de prise en charge de leurs enfants autistes. Le gouvernement n'avait pas fait appel.
Peut mieux faire...
C'est donc encore trop peu pour certaines associations de personnes handicapées ! A la rentrée 2015, l'association Autistes sans frontières (ASF) avait une nouvelle fois protesté contre la pénurie de dispositifs d'accueil des enfants autistes dans le système scolaire français. Leur scolarisation reste l'exception, selon ASF, qui évaluait entre 80 et 100 000 le nombre de jeunes autistes en âge d'être scolarisés, dont "au mieux 20% vont à l'école". Les associations déplorent par ailleurs un diagnostic encore tardif de l'autisme (rarement avant trois ans) qui compromet souvent l'inclusion scolaire de ces enfants dès la maternelle. D'autant que ceux qui sont "repérés" assez tôt doivent ensuite obtenir une notification de la CDAPH (Commissions des droits et de l'autonomie des personnes handicapées) les orientant vers cette unité d'enseignement délocalisée à l'école. Parfois des mois d'attente !
Plus de collaboration avec le médico-social
Encore aujourd'hui, les jeunes enfants autistes ayant obtenu un diagnostic précoce sont souvent accompagnés par le secteur médico-social. Or la coopération entre ce dernier et l'école ordinaire est loin d'être optimale ; elle doit donc être renforcée pour permettre à ces enfants d'accéder plus facilement à ce dispositif, et surtout à temps. Mais certaines associations vont plus loin encore et dénoncent le fait que ces "unités" ne respectent pas le principe total d'inclusion prôné par l'ONU. Selon le Collectif citoyen handicap, par exemple, ce dispositif reste de la "ségrégation alors qu'un enfant autiste a besoin de se confronter à des enfants ordinaires car il apprend par l'imitation, il a besoin de comprendre les règles et, comme les autres, d'être préparé à l'entrée au CP." Le communiqué du ministère semble le confirmer : "ces initiatives seront prolongées par Najat Vallaud-Belkacem afin de renforcer la scolarisation en milieu ordinaire qui permet de meilleurs résultats éducatifs pour les élèves (NDLR : handicapés), ainsi qu'une plus grande ouverture à la différence de la part des autres élèves."
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