CSA : le handicap toujours aussi peu télégénique

Le CSA dévoile son baromètre annuel sur la visibilité des personnes handicapées à la télé. Le constat est chaque fois le même : le handicap ne semble pas être considéré comme télégénique par les grandes chaînes.

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Peu de programmes sous-titrés accessibles en ligne, une représentation du handicap restée "marginale" en 2017 : la télévision doit encore faire beaucoup de progrès dans son ouverture aux personnes handicapées, selon le rapport annuel du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) publié le 29 mai 2018.  

Un vrai sujet

"Aujourd'hui, le handicap est devenu un vrai sujet", a lancé lors d'une conférence de presse Mémona Hintermann-Afféjee, membre du CSA qui a supervisé le rapport. "Il faut montrer les personnes handicapées !" Le Conseil entend rédiger "une charte relative à la représentation du handicap" qui "serait notamment l'occasion d'élaborer un lexique des bons termes à employer face au handicap pour éviter les propos ou expressions blessantes sans tomber pour autant systématiquement dans le compassionnel", explique le CSA. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, compte notamment sur la préparation des Jeux paralympiques parisiens de 2024 pour faire évoluer les mentalités. "Il y a beaucoup trop d'abus dans le langage quotidien qui risquent de nuire à la représentation des personnes handicapées", a-t-elle regretté.

Obligation de sous-titrage

Les grandes chaînes ont globalement respecté l'obligation qu'elles ont de sous-titrer 100% de leurs programmes (avec quelques dérogations) et beaucoup d'entre elles ont également diffusé davantage de programmes audio-décrits à destination des aveugles et malvoyants, notamment M6, Canal+ et France Télévisions. Cependant, il reste difficile de trouver des programmes sous-titrés dans les services de rattrapage en ligne, note le CSA. Actuellement, seuls France Télévisions (France.tv) et le groupe M6 (6play) proposent sur internet de nombreux contenus sous-titrés ou audio-décrits. Les groupes qui ne proposent aucun de ces contenus ont expliqué au Conseil qu'ils "rencontraient des difficultés financières et techniques" : certains players vidéo ne leur permettent toujours pas, par exemple, d'intégrer une  seconde piste audio pour diffuser l'audiodescription, selon le CSA.

0,6% de personnes handicapées à l'écran

En 2017, la représentation du handicap est restée "marginale", regrette le Conseil ; seulement 0,6% du total des personnes indexées dans les programmes sont perçues comme handicapées (contre 0,4% en 2015 et 0,8% en 2016 grâce aux Jeux paralympiques). Pour le CSA, "le constat est chaque fois le même, le handicap ne semble pas être considéré comme télégénique, ou difficile à appréhender médiatiquement". Le 31 mai 2018 est organisé à l'Université Lyon 2 Lumière un colloque dédié "Le handicap au prisme des médias : une optique inclusive ? " qui, en présence de nombreux intervenants et journalistes, promet de débattre de cette question.

Pas de journalistes handicapés

Les médias font par ailleurs "régulièrement état de leurs difficultés à recruter des personnels handicapés formés aux métiers de l'audiovisuel et de la communication", et les écoles et centres de formation à ces métiers doivent "trouver des solutions pour accueillir tous les élèves en situation de handicap", souligne le CSA. Ce dernier avait pourtant mis en place une "Charte pour l'insertion des personnes handicapées dans l'audiovisuel" en 2014 avec l'objectif de développer l'accessibilité des établissements d'enseignement aux métiers de l'audiovisuel, d'encourager l'accueil d'étudiants handicapés et faciliter l'accès à l'emploi des personnes handicapées dans les entreprises de communication audiovisuelle (article en lien ci-dessous). Or leur taux d'emploi direct (6% de l'effectif selon la loi) dans ce secteur est "rarement atteint".

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