Dans le noir ? a décidé de se mettre « au parfum ». Après les restaurants et les spas, qui sollicitent le goût et le toucher, l'enseigne lance, début juin 2018, une nouvelle expérience consacrée aux senteurs, au cœur de Paris, 40 rue Quincampoix (4e). Pour animer ces ateliers inédits, Tiffany Kendziolka. Elle est diplômée de l'ISIPCA de Versailles, l'École de parfum, cosmétique et aromatique alimentaire, le must dans ce domaine. « Pour mettre la barre très haut », affirme Édouard de Broglie, co-fondateur de Dans le noir ?. Tiffany est malvoyante mais cela ne se voit pas ; elle est définie comme « experte sensorielle inattendue ». « Mon handicap, j'ai voulu en faire une force, confie la jeune femme. Il ne permettait pas d'accéder à tous les métiers et, en développant un de mes sens, je me suis naturellement tournée vers la parfumerie. »
Victimes du marketing ?
Dans l'obscurité absolue, il faut faire confiance à son odorat pour se lancer dans cet étonnant voyage. Pas de coffret, pas de marque, pas de pub… Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. « On se laisse souvent influencer par le packaging, les couleurs de la boite lorsqu'on choisit un parfum en boutique, affirme Edouard de Broglie ; ici, ce n'est pas le cas, personne n'est victime du marketing. Le choix d'une fragrance est une démarche intime. » Il entend promouvoir la « culture du parfum », un domaine sensoriel particulièrement négligé, « contrairement à celui du vin ou de la gastronomie ». Le nez est seul juge pour découvrir les cinq univers dans lesquels sont classés la grande majorité des parfums présents sur le marché : les agrumes, les boisés, les orientaux, les floraux et les aromatiques. Lequel aura notre préférence ? Devant chaque testeur est disposée une boite contenant cinq bocaux. Ils renferment un ingrédient qu'il faut identifier. On se laisse surprendre par la richesse olfactive d'une écorce, d'une épice, d'un pétale de fleur, de la bergamote…
Des souvenirs partagés
Les souvenirs affluent, la conversation s'engage. L'obscurité favorise l'éveil sensoriel mais fait aussi tomber les barrières et les préjugés, libère la parole. « Les parfums font naître des évocations très personnelles et il n'y a donc pas de mauvaise ou de bonne réponse, rassure Tiffany. Chacun a forcément raison, et les gens se mettent parfois à partager des souvenirs très intimes avec des inconnus, sans appréhension de l'autre ». « Un parfum en particulier m'a complètement transporté, explique un testeur. Quand je l'ai senti, j'ai eu l'impression d'avoir six ans et que ma mère me couvrait de baisers avant de partir en soirée. Je me souviens même que j'avais parfumé mon ours en peluche pour avoir toujours son odeur à côté de moi. C'était un souvenir très fort que j'ai partagé dans le noir avec le groupe. » La « dégustation » se poursuit par des histoires écrites par Delphine de Swardt, linguiste et conteuse de parfums. Chaque atelier rassemble au maximum 8 participants. L'objectif, in fine, est d'identifier son univers favori ; un coffret comprenant trois doses d'essai est alors proposé en supplément.
De nouveaux projets
Deux ateliers Dans le Noir ? Parfum ont ainsi vu le jour, avec l'aide d'experts. Le premier, « Parfum et vous », d'une durée de 2h, et un autre, plus grand public, « La malle aux parfums », qui, en 1h30 propose de décoder les codes du parfum dans un esprit ludique. D'autres sont à venir. À partir de septembre, un atelier proposera d'approfondir un univers olfactif particulier. Le premier sera consacré à l'oriental. Les réservations se font en ligne sur un planning dédié (en lien ci-dessous). Un espace sensoriel de ce type doit ouvrir en septembre à Nantes tandis qu'un autre est en projet à Londres. Dans le noir ? entend également travailler avec certaines marques pour développer des ateliers de ce type en entreprises.