Pénibilité : une réforme qui peut faire des dégâts ?

La réforme du compte pénibilité n'est pas du goût des syndicats qui fustigent le futur dispositif qui met à mal la prévention et va, selon eux, continuer d'abîmer la santé des salariés ayant les métiers les plus pénibles.

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Les syndicats CFDT, FO, CGT, Unsa et Solidaires et l'association des victimes du travail (Fnath) ont critiqué vertement le 10 juillet 2017 le dispositif réformant le compte pénibilité, qui conduira à "déresponsabiliser" les entreprises en allant à l'encontre de la prévention.

4 facteurs de risques mis à mal

Réforme emblématique du précédent quinquennat, le compte pénibilité permet aux salariés du privé occupant un poste pénible de cumuler des points afin de partir plus tôt à la retraite, se former ou travailler à temps partiel sans perte de salaire. Avec la nouvelle mouture, annoncée le 8 juillet par Edouard Philippe aux partenaires sociaux, le principe est inchangé pour six critères mais il change de façon notoire pour quatre (manutention de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques et risques chimiques). Les employés exposés à ces quatre risques pourront encore bénéficier d'un départ anticipé à la retraite, mais seulement quand "une maladie professionnelle a été reconnue" et quand "le taux d'incapacité permanente excède 10%".

Réactions de syndicats

Pour la CFDT, très attachée au compte pénibilité, ce changement "est un droit à continuer d'abîmer la santé des salariés ayant les métiers les plus pénibles". En outre, la révision du financement envisagée par le gouvernement va se traduire par un "désengagement financier des entreprises". La CGT, de son côté, a dénoncé un projet qui "déresponsabilise le patronat sur le fléau des maladies professionnelles" et "fait disparaître toute incitation financière à la prévention". L'Unsa craint, elle, qu'avec la suppression des deux cotisations patronales dédiées, la pérennité du compte pénibilité soit "menacée". FO regrette que la nouvelle mouture ne mette "pas assez l'accent sur la prévention", tout comme l'Unsa, qui estime qu'en choisissant "de fragiliser le fondement d'un dispositif et sa pérennité, le gouvernement fait preuve d'une injustice profonde, choquante aux plans social et moral".

Espérance de vie diminuée

En réduisant la liste des facteurs de pénibilité, le gouvernement "exclut de très nombreux travailleurs et travailleuses de la possibilité de partir en retraite plus tôt alors qu'ils vont avoir une espérance de vie en bonne santé largement diminuée", écrit Solidaires dans un communiqué. Le gouvernement "change aussi les objectifs du compte pénibilité qui vient normalement prévenir et indemniser la différence d'espérance de vie en raison de l'exposition à des conditions de travail pénibles", a réagi de son côté l'association regroupant les victimes du travail (Fnath). "L'exposition à des produits chimiques peut entraîner une diminution de l'espérance de vie, sans pour autant entraîner la reconnaissance d'une maladie professionnelle avant l'âge de la retraite", cite en exemple l'association.

Le patronat satisfait

Le changement de nom du "compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P)", qui va devenir le "compte personnel de prévention" est également raillé. Pour l'Unsa, le futur dispositif est "improprement baptisé" puisqu'il "rompt avec le principe de prévention de la pénibilité du C3P". A l'inverse, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a estimé "positif" que le gouvernement reconnaisse "l'inapplicabilité du dispositif en l'état" (article en lien ci-dessous). Depuis deux jours, le Medef, la CPME et l'U2P, qui n'ont eu de cesse de critiquer le C3P comme une "usine à gaz", ont salué la nouvelle mouture pour son "pragmatisme". En 2016, 797 000 personnes ont bénéficié du compte pénibilité.

© beeboys/Fotolia

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