Schizophrénie : des actions pour préserver le cerveau ?

La mise en évidence d'un lien entre inflammation chronique et déficit cognitif dans la schizophrénie ouvre de nouvelles pistes pour lutter contre ce trouble mental. Des actions de prévention sont également possibles.

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Des omégas 3, de la vitamine D, un nouveau régime alimentaire et de l'activité physique pour préserver les capacités cognitives des personnes atteintes de schizophrénie ? La prise de conscience des liens entre l'inflammation et les maladies mentales fait partie des grandes avancées de la dernière décennie mais un nouveau pas vient d'être franchi avec la publication, le 4 mai 2016, dans la revue anglaise Schizophrenia Bulletin, d'une étude française. Elle a été menée sur le réseau des dix centres experts FondaMental Schizophrénie - spécialisés dans l'évaluation, le diagnostic et l'aide à la prise en charge de cette maladie psychique - entre 2011 et 2015. Elle révèle que l'inflammation périphérique observée chez 369 patients est associée à un niveau intellectuel général plus bas et à des déficits cognitifs plus prononcés. Ces résultats ouvrent la voie à une nouvelle façon de prendre en charge le déficit cognitif dans la schizophrénie, en mettant en place des stratégies anti-inflammatoires, à la fois préventives et curatives.

L'inflammation, c'est quoi ?

L'inflammation est un processus naturel qui permet à l'organisme de se défendre contre des agressions (des plaies et infections notamment). Dans certains cas, l'extinction de l'inflammation ne se fait pas, ce qui conduit à une inflammation chronique. Quelles peuvent en être les causes ? Un régime alimentaire riche en graisses et en sucres rapides, le tabac, l'alcool, la sédentarité, un déficit en vitamine D. Certains autres facteurs comme les psychotraumatismes dans l'enfance ont également été identifiés. Le rôle potentiel du microbiote intestinal représente également une piste prometteuse pour comprendre les sources de l'inflammation qui pourraient venir de l'intestin. Dans cette étude, les patients ont passé une évaluation complète sur leur santé mentale et physique et les résultats sont sans appel : les sujets qui présentaient une inflammation périphérique chronique ont un quotient intellectuel plus bas que les autres. En analysant plus finement les fonctions cognitives, ils présentaient des altérations globales de leurs capacités de mémoire, de concentration, d'apprentissage et de raisonnement.

Vieillissement précoce du cerveau mais réversible

Des résultats récents ont montré que l'inflammation pouvait accélérer le vieillissement cellulaire chez les personnes âgées : ce phénomène avait été alors nommé « inflammaging ». On pourrait donc faire l'hypothèse que l'inflammation pourrait conduire à un « vieillissement précoce » du cerveau dans la schizophrénie, mais que ce phénomène pourrait être potentiellement réversible. Une excellente nouvelle car le fonctionnement intellectuel s'avère capital pour le fonctionnement général des personnes souffrant de schizophrénie. Il s'agit en effet des capacités de mémoire et de concentration qui permettent de travailler, d'avoir une vie sociale et d'organiser ses journées. Les altérations cognitives représentent la plus grande source de handicap pour elles. Le traitement actuel du déficit cognitif est la remédiation cognitive, une thérapie qui vise à réentraîner le cerveau à se concentrer et à se souvenir.  Les résultats de cette étude ouvrent donc de nouvelles portes pour la prise en charge du déclin cognitif dans cette maladie psychique.

Des actions de prévention

La stratégie la plus efficace semble être la prévention, c'est-à-dire le fait d'éviter tous les facteurs qui pourraient favoriser l'inflammation, afin de protéger au mieux le cerveau et d'améliorer le pronostic de la schizophrénie. L'ajout d'anti-inflammatoires, les omégas 3, la N-acetyl-cysteine (un acide aminé antioxydant), la vitamine D, les modifications du régime alimentaire et l'activité physique pourraient ainsi améliorer la cognition des personnes souffrant de schizophrénie. « Ces travaux nous ont conduits, expliquent les auteurs de l'étude Ewa Bulzacka (neuropsychologue) et le Dr Guillaume Fond (psychiatre), à élaborer des recommandations personnalisées de prise en charge pour les patients présentant une inflammation à l'échelle du réseau des dix Centres Experts FondaMental schizophrénie ». Le suivi de ces patients sur trois à cinq ans permettra de déterminer si elles sont efficaces.

© DURIS Guillaume/Fotolia

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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