Deux athlètes amputés choisis par Vogue pour sa campagne « Nous sommes tous paralympiques ». L'idée parait cohérente, à un détail près. Ces deux mannequins sont bel et bien valides et ont été amputés... sur Photoshop. Le bras de l'une, la jambe de l'autre. A quelques jours de l'ouverture des Jeux paralympiques de Rio, le 7 septembre 2016, la controverse s'est abattue sur le célèbre magazine de mode à qui l'on reproche de ne pas avoir mis en lumière de « vrais » athlètes handisport.
Booster les ventes de billets
Vogue justifie sa démarche sur Instragram en expliquant que ces deux acteurs locaux, Cleo Pires et Paulo Vilhena, « ambassadeurs » du Comité paralympique brésilien, sont censés représenter la pongiste Bruna Alexandre, amputée du bras à l'âge de trois ans, et le volleyeur assis Renato Leite portant une prothèse de jambe même si aucun des deux n'apparait jamais au fil des pages. Ce coup de com, qui avait pour objectif de booster les ventes de billets (seulement 300 000 vendus sur 2,5 millions), a pris une tournure inattendue, pour le moins ratée !
Réactions indignées
De nombreux internautes ont en effet fait part de leur interrogation (indignation ?) sur les réseaux sociaux, à travers le monde. En France, Yannick écrit : « Et puis quoi encore ! Comme si les vrais athlètes handi n'étaient pas assez beaux/belles ou vendeurs !». Certains dénoncent l'incohérence « abjecte » du magazine qui, avec cette campagne, continue « à rendre les athlètes paralympiques invisibles ». Cleo Pires, qui serait à l'origine de cette idée, répond à ses détracteurs dans une vidéo en expliquant « à tous ceux qui veulent vraiment comprendre avant de distiller leurs critiques nauséabondes » qu'elle incarne ainsi « tous les athlètes ».
Une mannequin en fauteuil roulant
Vogue ne semble pas avoir tiré la leçon d'une récente tentative infructueuse sur ce type de mise en scène. Déjà en décembre 2015, le magazine américain Interview avait été vivement critiqué pour avoir mis en couverture la photo d'une mannequin tout à fait « valide » façon poupée prenant la pose dans un fauteuil roulant (article en lien ci-dessous). Le magazine y voyait une œuvre artistique tandis que des internautes l'accusaient de provocation.
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