Cette joyeuse bande, tout sourire, a été très applaudie et a foulé le tapis rouge au son de "Bande organisée", tube du collectif marseillais 13'Organisé, chapeauté par le rappeur-star Jul, joué par le DJ de la montée des marches.
Marie fait le show
Marie Colin, une des actrices, a fait son show avec un mini-défilé au pied des marches en robe de soirée crème. "Marie, elle a la banane, il faut faire comme elle, il faut arrêter de faire la gueule", s'est réjoui l'humoriste Artus auprès de l'AFP. Interrogé sur les raisons du succès, Artus a estimé que "dans cette époque un peu anxiogène, c'est un film qui fait du bien". "J'espère que ça va faire bouger les choses, il faut s'ouvrir à ces gens qu'on essaie de cacher la plupart du temps".
Habillés par une marque de luxe
Pour célébrer ce succès surprise au box-office, le Festival de Cannes a invité toute l'équipe de cette comédie qui prend le parti de rire avec les personnes handicapées et non à leurs dépens, à monter les marches. Artus avait publiquement regretté qu'aucune marque de luxe ne leur ait prêté de tenue. Ils ont été finalement habillés par les marques du groupe Kering. "Marie, on reste groupés quand même, là tu pars toute seule avec ton collier, on va se faire braquer", a rigolé Artus.
Dalida sur la Croisette
Puis cette partie du casting, onze acteurs en situation de handicap et quatre "classiques", selon Artus, au total, a marché ensuite sur La Croisette jusqu'à une plage privée, au son d'une enceinte portée par un membre de la sécurité du Festival. On y a entendu un remix de Dalida, qui figure dans la B.O. du film. Un son apprécié par Stanislas Carmont, un des protagonistes du film, qui est aussi une des voix du groupe de rock Astéréotypie, un collectif de chanteurs avec troubles autistiques (Astéréotypie, claque rock aux préjugés sur l'autisme) qui a sorti le réjouissant album "Personne ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme".
Un succès qui divise
Pour Marc Riso, acteur, c'est "la poésie" qui se dégage des onze acteurs qui explique en partie "la magie" du film. Pourtant, en dépit de ce carton fracassant, d'autres voix émergent, comme celle de Céline Extenso (collectif Les Dévalideuses qui lutte contre le sexisme et le validisme) qui, auprès du media Politis, dénonce un "radar à validisme très très haut" et un "p'tit" côté documentaire en réserve naturelle. Un entre-soi loin du monde et idyllique, avec des éducateurs dévoués, qui prolonge à sa façon l'institutionnalisation tant décriée.
Une réforme pour les intermittents du spectacles handicapés
"Il faut que les acteurs en situation de handicap aient plus de rôles, soient plus présents, il ne faut plus avoir peur d'eux", poursuit Marc Riso. C'est d'ailleurs ce que réclame une tribune signée par les actrices Léa Drucker, Alexandra Lamy ou encore Eric Toledano et Olivier Nakache sur le site de Libération le 22 mai au soir, pour une "réforme du statut des intermittents du spectacle, en direction des artistes handicapés" au cinéma et à la télé. "On ne permet pas encore assez aux personnes handicapées de tenir la caméra ni d'être sous le feu des projecteurs, faute de dégager suffisamment de moyens pour enfin enclencher un cercle vertueux", y déplore le Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH) (Le 1er syndicat des pros du cinéma handicapés est créé).
Mieux articuler les aides avec l'AAH
Ce dernier propose de "permettre aux professionnels reconnus travailleurs handicapés (RQTH) d'obtenir le statut d'intermittents après 250 heures annuelles (et non 507)". Et de "mieux articuler le statut des intermittents avec les aides existantes comme l'Allocation adulte handicapé (AAH)". Les artistes en situation de handicap "peuvent se retrouver sans allocation pendant plusieurs mois après avoir obtenu un rôle ou un emploi sur une production", précise-t-il.
Un débat le 24 mai
Dans la foulée, Artus sera l'invité du SPCH le 24 mai sur la plage du Centre national du cinéma (CNC) à Cannes à 10h, pour un débat dans le cadre de la Semaine du cinéma positif, sous la présidence de Jacques Attali. Il inclura Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et handicapées, le comédien Samuel Le Bihan, le réalisateur-producteur et président du SPCH Julien Richard-Thomson, et Margault, coordinatrice régie handicap sur le film d'Artus.
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