« Et, quand vous êtes chez vous, est-ce que vous avez des idées suicidaires ? » Au centre d'appels du 3114 lyonnais, rattaché à l'hôpital psychiatrique du Vinatier, on n'y va pas par quatre chemins. Au bout du fil, les psychologues et infirmiers reçoivent la détresse psychologique de nombreux appelants, dont certains prêts à passer à l'acte. Pour l'éviter, ils rassurent, apaisent, proposent des solutions à distance ou déclenchent l'envoi de moyens plus importants, comme les secours.
Des répondants disponibles 24h/24 et 7j/7
Ce numéro national de prévention du suicide est accessible 24h/24 et 7j/7, gratuitement, et ce, depuis octobre 2021. En France (métropolitaine et Outre-Mer), 17 centres d'appels sont actifs et fonctionnent sur le même principe que les centres d'appels d'urgence. « Quand on compose le 3114, le répondant va vraiment s'adapter à la personne qu'il a en face de lui, pour faciliter l'échange, la compréhension », explique Emilie Wawer, psychiatre coordinatrice du 3114 – Lyon. « Il y a différents signes avant-coureurs au suicide : quelqu'un qui a un changement de comportement soudain, quelqu'un qui verbalise des idées suicidaires, qui se renferme, se replie sur soi, qui commence à préparer ses affaires, à vider ses comptes », énumère Lucas, répondant du 3114 et psychologue de formation.
Plus de 1 000 appels par mois
En moyenne, le 3114 reçoit plus de 1 000 appels par mois, un chiffre en constante augmentation. Cette recrudescence des appels à l'aide est due à plusieurs facteurs : la démocratisation du numéro auprès du grand public, la libération de la parole sur ce sujet… « Mais la prévention du suicide, ça fonctionne, affirme Emilie Waver, parce que, depuis 20 ans, il y a une diminution de plus de 33 % du taux de suicide en France. » Pour les publics sourds et malentendants, également aphasiques, la plateforme est en phase d'amélioration. Un chantier de mise en accessibilité devrait être lancé en janvier 2026.
© Clotilde Costil