Ils ont entre 14 et 16 ans et leur adolescence a été fauchée par un accident ou une maladie. Havila, Clara et Lucas sont hospitalisés dans un centre de rééducation physique, à Flavigny-sur-Moselle, près de Nancy. C'est là que la journaliste Victoire Panouillet a posé sa caméra pour son premier long-métrage : Grandir malgré tout (bande-annonce en vidéo ci-contre. Un documentaire d'une cinquantaine de minutes diffusé le 5 novembre 2022 à 22h30 sur Public Sénat ou en streaming sur le site de la chaîne parlementaire (lien ci-dessous). Pendant plusieurs mois, la réalisatrice lauréate de la bourse « Graine de doc » 2021 a accompagné la reconstruction de ces trois jeunes, observé leurs progrès, leurs petites et grandes avancées. S'ils font preuve d'une très grande maturité dans l'épreuve, tous ne vivent pas leur rééducation de la même manière.
Une vie sur pause
Grand brûlé à la suite d'un accident domestique, Havila tourne sa situation en dérision. « Tout mon corps a été attaqué, sauf mes fesses. C'est tout ce que je possède », ironise l'adolescent contraint de porter une combinaison de protection qui lui donne l'allure d'un super-héros. Atteinte d'une tumeur rarissime au cerveau, Clara a perdu la mémoire mais pas son humour. « Cette maladie, c'est un cas sur 120 millions, j'aurais pu gagner à l'Euromillion », plaisante la jeune fille. Alors elle prend la plume « pour ne plus oublier ». Puisqu'elle a dû arrêter la danse à la suite de son cancer, Clara fait désormais valser des mots dans un recueil de poésie. Lucas, quant à lui, n'en est pas au même stade d'acceptation et de résilience. Devenu tétraplégique à la suite d'un plongeon dans une piscine, le jeune homme envisage difficilement sa nouvelle vie, cloué dans un fauteuil : « J'ai l'impression que tout est en pause pour moi mais que le temps défile ailleurs ».
La rééducation, au cas par cas
Entre les murs du centre, la vie de ces jeunes s'écrit entre parenthèses. Ils rattrapent les cours tant bien que mal, redoublent parfois leur année scolaire et doivent renoncer à certaines activités physiques. La rééducation s'étire sur un temps long. Malgré leur solide énergie, les ergos, psychologues, médecins, orthophonistes et autres soignants naviguent à vue sans pouvoir prédire avec certitude l'évolution de chaque patient. Si Lucas parvient à refaire trois pas au bout de six mois, il est difficile de savoir quelles seront les prochaines étapes. Même point d'interrogation du côté de Clara dont le cerveau lui joue souvent des tours. Mais, une chose est sûre, chaque pas en avant est une victoire.