« Il ne faut pas m'appeler 'maman Marie-José', mais simplement 'Marie-José'. » La co-gérante du « Logis », un lieu de vie et d'accueil (LVA) pour des jeunes en situation de handicap et en rupture familiale, pose les limites face au petit Julianoh, qu'elle tient dans ses bras. Un moment de tendresse capté par Franck Seuret dans son documentaire Sur leurs ailes, diffusé le 20 octobre 2022 (extrait en vidéo ci-contre) et qu'il est également possible de voir en ligne sur le site de France 3.
Une famille d'accueil pas comme les autres
Le film d'une cinquantaine de minutes embarque son public chez Marie-José et Sylvie, deux éducatrices spécialisées missionnées par l'Aide sociale à l'enfance (Ase) pour accueillir six jeunes, âgés de 6 à 21 ans. Une famille d'accueil pas comme les autres puisque la majorité de ses pensionnaires sont en situation de handicap. C'est d'ailleurs le cas pour 25 % des enfants protégés par l'Ase ; la plupart sont hébergés dans des foyers ou familles d'accueil sans bénéficier d'une prise en charge adaptée à leur handicap. Dans leur grande et chaleureuse maison de Montjean-sur-Loire (Maine-et-Loire), les deux femmes offrent la sérénité d'un foyer à taille humaine avec les règles d'une structure adaptée. Seule une poignée de LVA existe aujourd'hui en France.
Un accompagnement personnalisé vers l'âge adulte
Paul, Sarah, Hélène, Julianoh, Baptiste, Kenza grandissent dans ce cadre rassurant. Ils y bénéficient d'un accompagnement personnalisé, en transition vers leur nouvelle vie d'adulte. Certains présentent un trouble du spectre autistique, d'autres une déficience intellectuelle ou une maladie psychique. Mais, à la table du Logis, la différence s'efface au profit d'une joyeuse synergie. Vacances au bord de la piscine, ateliers cuisine, chamallows au feu de bois, lectures du soir... Le réalisateur et journaliste Franck Seuret nous ouvre les portes de cette maison atypique, qui foisonne de projets. Avec de l'huile de coude et un peu d'imagination, Marie-José et Sylvie ont par exemple entrepris de construire un radeau pour naviguer tous ensemble sur un affluent de la Loire durant les vacances d'été. Pari réussi pour la fine équipe !
Quitter le navire...
Mais, pour certains, il est déjà l'heure de quitter le navire. Passés 21 ans, c'est le cœur lourd mais plein d'espoir que ces pensionnaires doivent prendre leur envol, certains pour vivre en autonomie, d'autres pour intégrer un institut médico-éducatif (IME). C'est le cas de Paul, qui prépare son départ. Sylvie le rassure : « Tu auras toujours une maison, la nôtre. Tu pourras fêter Noël avec nous et venir dès que tu en auras besoin ». Déjà une autre pensionnaire, Marie-Lou, sonne à la porte, prête à partager un bout de vie avec les locataires du Logis. « Personne ne vous remplace, c'est juste la vie qui continue », explique la maternante Marie-José.