Par Déborah Claude
"Il faut charbonner ! Mais ça peut être une super aventure !", promet Abel Aber, pratiquant de para-canoë-kayak à de jeunes parasportifs tout ouïes lors d'un stage de détection de futurs champions le 15 avril 2023. A 500 jours des Jeux paralympiques de Paris qui auront lieu du 28 août au 8 septembre 2024, le programme "La relève" s'est installé pour deux jours à l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance). Il s'agit de sa 4e édition.
Tester les aptitudes physiques
25 parasportifs en herbe, présélectionnés en amont, sont là pour tester leurs aptitudes physiques sous le regard de représentants de fédérations venus repérer les champions de demain. "Ça fait beaucoup de fauteuils !", glisse en riant un participant, lui aussi en fauteuil, qui essaie de se faufiler, chasuble rouge floquée à son nom, dans l'entrée de la grande halle de l'Insep. Histoire de faire baisser le stress, le directeur des Sports du Comité paralympique et sportif français (CPSF), Jean Minier, prévient en ouvrant la journée : "On ne va pas vous demander de battre le record du monde !". Car l'idée, renchérit la patronne du CPSF Marie-Amélie Le Fur, est surtout de les "guider". Et la triple championne paralympique d'athlétisme se réjouit que pour la première fois cette année, ils puissent tester les sports. Le lien ne s'épuisera pas à la fin du week-end, "on va reprendre contact avec eux" et les "conseiller", explique-t-elle à l'AFP. Pour les Jeux de Paris, il reste peu de temps, le cap est plutôt mis sur les Jeux d'hiver de 2026 ou d'été de 2028.
Explorer d'autres sports
Sofiane, venu du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), 30 ans au compteur, pratique le para-badminton depuis un an et demi, mais doit faire une heure et quart de trajet, avec son fauteuil roulant, pour rejoindre l'entraînement. Alors, il est venu "tester et explorer d'autres sports". A ses côtés, Clément, 30 ans lui aussi, est encore en rééducation, neuf mois après son "accident", qui le laisse debout mais en marchant difficilement. Adepte de la course à pied, il "ne peut plus courir" et veut s'essayer à plusieurs sports. Comme Corentin, 24 ans, venu de La Rochelle, désireux d'essayer le tennis fauteuil, ou Lucie, 19 ans, qui se voit bien faire du para-triathlon. Avant de tester de nouveaux sports, tous se soumettent à des tests d'aptitudes : lancer de ballon, test d'équilibre, petite course ou viser un petit carré collé au mur. Pour Vincent Hybois, "head coach" du para-tir à l'arc, ce test de précision est l'un de ceux qui l'intéresse le plus. Sa discipline n'a que "deux catégories", beaucoup moins que l'athlétisme par exemple, donc peu d'élus à la fin, même si beaucoup de gens peuvent pratiquer. Il s'agit là de se repérer dans les méandres des "classifications" : les multiples catégories, définies en fonction des handicaps, qui diffèrent selon les parasports. "A partir du moment où l'on s'intègre dans le paralympisme, on accepte les classifications, c'est comme si on critiquait l'arbitrage dans le foot", prévient Oriane Lopez, médecin membre du comité médical du CPSF et ancienne para-athlète.
Batailler pour pratiquer
Mais, avant d'arriver au très haut-niveau, tous racontent leur combat pour pratiquer, entre les kilomètres avalés pour trouver un centre où s'entraîner ou les difficultés logistiques, comme pour Sami, double amputé, la présence indispensable de sa femme pour mettre son embarcation à l'eau. "Il faut batailler, c'est pas rose", reconnaît Abel Aber, venu de la boxe et détecté en 2019 lors de la première édition de "La Relève", qui monte les échelons de sa discipline, le canoë pirogue. Au bord de la piscine de l'Insep, Koen Van Landeghem, entraîneur de para-natation, dispense de premiers conseils, sous les yeux d'Anne Barrois, directrice générale adjointe de l'Insep, impressionnée elle aussi par les brasses et le crawl de deux jeunes hommes chacun amputé d'une jambe. Pendant ce temps-là, dans un gymnase, en embuscade, la Fédération française d'escalade. Si elle n'est pas encore discipline paralympique elle compte bien l'être pour Los Angeles 2028 et ne ménage pas ses efforts. "On manque d'athlètes !", lance Hélène Le Rouge, prête à recruter les bonnes volontés, pour briller dans ce sport "à la mode".
3 000 clubs para-accueillants en 2024 ?
Au même moment, le 17 avril 2023, deux ministres, Amélie Oudéa-Castéra (Sports) et Geneviève Darrieussecq (Personnes handicapées), en présence de Brigitte Macron, se rendent au club d'athlétisme de Cergy-Pontoise (Val d'Oise) afin de promouvoir le programme « Club inclusif » lancé fin 2022 par le CPSF. Objectif ? Former près de 3 000 clubs para-accueillants d'ici fin 2024. Seuls 1,5 % le sont actuellement (Lire : ""Club inclusif" : 3 000 clubs para-accueillants d'ici 2024?).
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