Rentrée : Marine, élève avec trisomie 21, au ban de l'école

Une journée et demie par semaine. C'est le temps de scolarisation dont bénéficie Marine, 12 ans, porteuse de trisomie 21. Sa mère, Isabelle Martineau, déplore le manque de moyens accordés à l'école inclusive, et particulièrement l'absence d'AESH.

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« Marine avait 32 heures d'accompagnement avec une AESH (Accompagnante d'élève en situation de handicap) jusqu'en CM2. Elle n'en a plus qu'une dizaine à l'entrée au collège. » Isabelle Martineau est en colère. Sa fille, âgée de 12 ans et porteuse de trisomie 21, figure parmi les milliers d'élèves en situation de handicap privés d'une scolarité « ordinaire » en cette rentrée 2025. « Quand Marine se prépare le matin, enfile son cartable et me dit 'c'est l'heure maman, on y va' et que je lui réponds 'non' puisqu'elle n'a pas école, elle s'effondre », confie Isabelle Martineau.

Elle se livre dans une interview exclusive, disponible en vidéo ci-contre, mais aussi sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.

13 % des enfants handicapés privés d'école

Chaque année, un nombre croissant d'élèves handicapés rejoignent les bancs de l'école, mais à quel prix ? Depuis plusieurs années, la rentrée scolaire met en lumière une inégalité persistante et pourtant mal connue : comme Marine, un grand nombre d'enfants en situation de handicap n'ont pas accès à une scolarité complète et à la hauteur de leurs besoins. Selon une enquête réalisée par l'Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) auprès de 3 603 enfants (de 3 à 16 ans), 13 % n'ont aucune heure de scolarisation par semaine, 38 % en ont entre 0 à 6 heures, 30 % entre 6 à 12 heures et 19 %, plus de 12 heures (Handicap mental : des milliers d'enfants privés de rentrée). Une réalité qui révèle les limites de l'école inclusive vantée par l'Éducation nationale. 

Un parcours du combattant pour les familles

Derrière les statistiques, des parcours familiaux marqués par des difficultés administratives, de la fatigue et de l'incompréhension. Le témoignage d'Isabelle Martineau illustre un combat quotidien malheureusement classique pour obtenir un véritable accès à l'école et à un accompagnement individualisé. Les parents de Marine se sont battus jusqu'à son entrée au collège pour que la jeune fille bénéficie d'un parcours en école ordinaire, permis par la présence d'un AESH. « C'est cette présence, essentielle, qui garantit l'autonomie de Marine », expliquent-ils. Après un passage en Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH), une orientation en institut médico-éducatif (IME) est finalement actée. 

Des enfants mis en situation d'échec

« C'est soit l'IME, soit l'école ordinaire mais sans accompagnement ou en excluant l'Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire), déplore Isabelle Martineau. On nous punit de ne pas accepter l'option proposée. Mais ce n'est pas le projet de vie que nous avons imaginé pour Marine. » « Pour une société réellement inclusive, c'est à l'école de s'adapter à l'enfant, et non l'inverse », poursuit la maman, qui doit désormais « entamer des recours juridiques ». « Je ne peux pas laisser ma fille en situation d'échec. »

© Capture écran Zoom

Marine dans les couloirs d’un établissement scolaire.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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