Ancien technicien de la recherche dans un laboratoire de chimie, un Essonnien de 32 ans a été contraint d'arrêter de travailler en 2011. est en effet l'une des nombreuses personnes touchées par l'électrosensibilité, c'est à dire une sensibilité accrue aux ondes électromagnétiques. La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de l'Essonne vient de décider de lui accorder une aide financière pour se protéger contre ce qu'elle considère comme un "handicap" à part entière.
Des troubles réellement handicapants
Des gênes a priori bénignes, peu à peu, prennent de l'ampleur jusqu'à devenir intolérables. Ce technicien fait assez rapidement le lien entre ces maux et l'un des outils qu'il utilise chaque jour dans son métier et qui émet des ondes en grande quantité. Chaque fois qu'il entre sur son lieu de travail, il est pris de vertiges, qui s'aggravent au fil du temps. Les symptômes, qui varient d'une personne à l'autre, sont nombreux : maux de tête, troubles digestifs, problèmes de circulation et même douleurs aux cervicales. Plus globalement, l'électrosensibilité peut engendrer des effets différés comme des troubles de la concentration ou des pertes de mémoire.
Pas une maladie professionnelle
La plupart des médecins que consulte le jeune homme ne sont pas en mesure de faire le lien entre travail et symptômes, sauf un qui les impute alors à l'environnement d'ondes magnétiques. Son cas n'est pas reconnu pour autant comme maladie professionnelle par la Sécurité sociale. Il n'entre dans aucun "critère". La victime décide alors de déposer un recours auprès du tribunal administratif, sans réponse à ce jour. Heureusement, la MDPH de l'Essonne en décide autrement et statue sur le fait que l'electrosensibilité peut constituer un réel "handicap". Son dossier est étayé par des témoignages crédibles du corps médical, ne laissant aucun doute sur la réalité de la maladie, équivalente à un taux d'incapacité de 80%.
Du matériel adapté
La MDPH propose alors à ce jeune homme une aide financière, sur une durée de trois ans, qui lui permet de couvrir 75 % du montant d'acquisition du matériel nécessaire pour protéger son domicile, et notamment un tissu anti-ondes disposé en baldaquin autour de son lit, du matériel de mise à la terre pour évacuer la charge électrique dans le milieu ambiant, un système de reconnaissance vocale qui lui permet de rester éloigné de son ordinateur. A l'extérieur, il s'équipe pour couvrir les zones les plus sensibles, la tête et le cou. Il a néanmoins dû renoncer à son emploi faute d'adaptation de son lieu de travail et espère à l'avenir pourvoir travailler à domicile.
Un Collectif des électrosensibles
Cette même MDPH, ainsi que celle d'Indre-et-Loire, avait déjà accordé le statut de travailleur handicapé à plusieurs électrosensibles mais sans aucune contrepartie financière permettant l'achat d'outils de protection. Selon le Collectif des électrosensibles de France, créé en 2008 par un ingénieur victime d'ondes électromagnétiques, l'attribution de cette aide financière, indispensable, est inédite en France (contrairement à la Suède qui reconnait déjà cette pathologie comme un handicap à part entière). Cette décision risque certainement de créer d'autres précédents...