Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a promis, mardi 3 décembre 2013, si elle est élue maire de Paris en mars, de définir avant fin juin "un calendrier précis" de l'action de la ville pour améliorer l'accessibilité des principaux lieux publics aux personnes handicapés. Ecoles, collèges, logements d'étudiants, commerces: tous ces lieux sont en général peu accessibles aux fauteuils roulants et la municipalité doit s'impliquer davantage pour y remédier, selon la candidate UMP à la mairie qui a dénoncé "un grave déficit d'information de la ville de Paris" sur ce sujet.
Personnes handicapées actrices de la campagne
"Un calendrier précis sera défini avant la fin du premier semestre 2014, en lien avec les associations représentatives des personnes handicapées, pour fixer l'orientation de l'action de la ville sur l'ensemble de la mandature" (2014-2020), selon un dossier de presse distribué à l'occasion d'une sortie de la candidate sur ce thème dans le Ier arrondissement. Elle était accompagnée de Frédéric Bouscarle, président de Handipop qui, dans le cadre de sa campagne, nourrit les propositions relatives aux personnes handicapées. Lui-même malentendant, il déclare à ce sujet : « Les personnes handicapées en ont assez qu'on leur promette monts et merveilles. Le côté positif de cette campagne, c'est qu'elles en deviennent actrices. ».
Des manquements dans la Capitale
Cette rencontre a lieu dans les locaux parisiens de Tourist receptives, une nouvelle agence de voyage, la seule à Paris, qui propose d'accompagner les personnes handicapées dans leurs loisirs culturels. A l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées (le 3 décembre), NKM a présenté une série de mesures pour réparer les manquements qu'elle a constatés dans la capitale. Elle a regretté notamment que Paris n'ait pas d'"outil statistique fiable et régulier" pour mesurer la population concernée, pas d'indicateur sur l'emploi des handicapés, et une communication trop rare sur leur scolarisation, sans "suivi particulier".
La Ville de Paris conteste
La Ville a réagi dans la soirée en jugeant "malhonnête" de parler d'un manque d'information sur ces sujets. "Une cartographie a été publiée en juillet 2013 et mise en ligne sur paris.fr présentant le niveau d'accessibilité de tous les équipements municipaux par type de handicap", a-t-on argué dans l'entourage du maire Bertrand Delanoë (PS). "Cela reflète une action déterminée qui a conduit à rendre accessible un tiers des services parisiens à ces publics. Cet effort continue. Les crédits dédiés au handicap ont augmenté de 173% depuis 2001", a-t-on ajouté de même source. La municipalité a assuré que 152 de ses 662 écoles (23%) étaient "accessibles à tous", là où Mme Kosciusko-Morizet a parlé d'une centaine ("100 et quelques" selon elle). La candidate promet également un « accent particulier sur l'autisme », frappée de voir que les parents se démènent pour accéder aux nouvelles méthodes, en proposant la création d'un « Centre de ressources et de formation ».
Et le métro ?
Avant d'aller visiter un Esat (structure d'insertion par le travail, ndlr), la candidate UMP s'est fait raconter dans la matinée, en présence de son PDG Malik Badsi et de jeunes en fauteuil roulant, l'expérience novatrice de la PME parisienne Yoola, fondée en 2009 pour accompagner ce type de public sur des grands événements sportifs comme les JO ou un Mondial de football. Le débat a notamment tourné autour de l'accessibilité du métro et la ville de Londres a été citée par les jeunes comme un exemple à suivre. "L'approche londonienne est beaucoup plus pragmatique", a renchéri la députée UMP, vantant le choix britannique d'avoir équipé d'abord "des stations pivot" du réseau, les plus fréquentées, et d'envisager ainsi "un maillage par étapes". A Paris, rendre le métro intégralement accessible aux fauteuils roulants est "inimaginable en un mandat" car cela coûterait cinq milliards d'euros, d'après NKM citant une estimation de la RATP.
Enfin, NKM a insisté sur le fait que Paris avait rétrogradé de la 20ème à la 44ème place des villes françaises les plus accessibles selon le baromètre APF 2013, nuançant malgré tout : « Je ne dis pas que Paris recule mais il certain que les autres avancent... Il faut donc aller plus vite et plus loin ».