Révolution à l'Eurovision. Alors qu'en France le dernier single des Enfoirés alimente la polémique par son côté « réac » (article en lien ci-dessous), la Finlande fait un choix inédit, résolument pionnier, en vue de l'Eurovision 2015 ; après plusieurs semaines de sélection, c'est un groupe « atypique » qui a été adoubé par 37 % des votants lors de la finale du 28 février 2015. Une audace qui bouscule les clichés sur ce « monument de la variété européenne » à double titre : il est punk et composé de quatre artistes porteurs d'autisme ou de trisomie.
Un succès mondial
Pertti Kurikka, Kari Aalto, Sami Helle et Toni Välitalo se sont rencontrés lors d'un atelier musical pour personnes avec une déficience intellectuelle en 2009. Ils montent un groupe ; le succès est immédiat. PKN a, depuis, enflammé les scènes mondiales, en Grande-Bretagne, Allemagne, Norvège et États-Unis. Le groupe a également fait l'objet d'un documentaire, en 2012, intitulé The punk syndrome. PKN représentera donc la Finlande à Vienne le 23 mai 2015 avec son titre Aina mun pitaa (Chaque fois que je le dois). En finnois !
Pas par « pitié »
Sami Helle, le bassiste du groupe, a déclaré au journal britannique The Guardian : « Nous ne voulons pas que les gens votent pour nous par pitié. Nous ne sommes pas si différents des autres, juste des gars normaux avec un handicap mental ». A travers cette médiatisation planétaire, ses membres entendent encourager d'autres artistes en situation de handicap à aller au bout de leurs rêves. On peut l'espérer en France aussi. Guy Hagège, président de la Fegapei (Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées et fragiles) a rencontré le groupe lors d'un voyage d'étude en Finlande en août 2014, photo à l'appui. « Nous avons rendu visite à leur centre qui propose logements, apprentissage et ateliers pour adultes avec handicap, explique-t-il. Radio, atelier musique, cafétéria, textile et artisanat, photographie sont des exemples d'ateliers proposés. Un mode de fonctionnement très horizontal et participatif. Des bénévoles étudiants, service civique, volontaires européens ainsi que 60 salariés composent l'encadrement. On remarque une implication très forte d'artistes venus de l'extérieur ». Exemple à suivre… Pour permettre, pourquoi pas, à la France, de décrocher une nouvelle victoire à l'Eurovision. La dernière fois, c'était en 1977 !